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Journée de la robe rouge: «Nous sommes en crise», plaident les dirigeants

durée 08h44
5 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

La présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada croit qu'il est clair que la situation reste urgente près de quatre ans après la publication du rapport final sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

«Nous sommes dans une crise», lance Carol McBride.

Des robes rouges seront exposées à travers le pays vendredi pour souligner la Journée nationale de sensibilisation aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. L'événement est devenu connu sous le nom de «Journée de la robe rouge» et les vêtements vides servent de symbole des vies qui ont été perdues.

Chaque année, il y a plus d'événements, de rassemblements et d'expositions d'art. Malgré la sensibilisation accrue et une vaste enquête nationale, Mme McBride dit que la situation à laquelle les filles et les femmes autochtones sont confrontées n'a pas considérablement changé.

«Je suis une mère, je suis une sœur, je suis une tante, a-t-elle soutenu. Et j'imagine juste que certaines de nos familles et nos femmes souffrent en ce moment.»

Le rapport final de l'enquête a été publié en 2019 et comprenait de vastes appels au changement. Il a révélé que les femmes et les filles autochtones sont 12 fois plus susceptibles d'être assassinées ou de disparaître que tout autre groupe au Canada.

Le premier ministre Justin Trudeau avait accepté les conclusions de l'enquête, selon lesquelles la crise équivalait à un génocide.

Soixante-trois pour cent des femmes autochtones ont été victimes de violence et près de la moitié ont subi des agressions sexuelles, a déclaré Statistique Canada dans un rapport l'an dernier.

La Ville de Winnipeg a été surnommée «Ground Zero» – ou l'épicentre.

Au moins 28 femmes autochtones du Manitoba sont décédées des suites de violences depuis mai 2020, a indiqué Sandra DeLaronde, chef d'équipe de l'équipe de mise en œuvre du Manitoba MMIWG2S+. La majorité de ces femmes étaient à Winnipeg.

Un groupe a accroché 101 robes rouges le long d'une clôture grillagée à l'extérieur d'un site d'enfouissement dans la capitale manitobaine pendant l'hiver. La police de Winnipeg a déclaré que les corps de quatre femmes autochtones avaient été jetés dans des décharges l'année dernière.

Les restes de trois des femmes n'ont pas été retrouvés. Un homme a été accusé de meurtre au premier degré dans le meurtre des quatre femmes.

Les restes d'une autre femme autochtone ont également été retrouvés dans une décharge plus tôt cette année. La police a déclaré que sa mort n'était pas un homicide.

«Quand j'y pense, je pleure, a déclaré Mme DeLaronde. Je dois me concentrer sur les milliers de femmes et de filles qui sont toujours là et sur la façon dont nous pouvons les protéger.»

Elle dit qu'il est important de reconnaître que les peuples autochtones sont sacrés et qu'ils ne devraient pas seulement être honorés lorsqu'ils sont partis.

La Chambre des communes a appuyé à l'unanimité mardi une motion déclarant les décès et les disparitions de femmes et de filles autochtones une urgence pancanadienne. Elle a également appelé au financement d'un nouveau système pour alerter le public lorsque quelqu'un est porté disparu.

«La vérité est la vérité», a déclaré Leah Gazan, la députée de Winnipeg qui a présenté la motion. 

«C'est une chose de reconnaître la vérité. C'en est une autre d'agir.»

L'Association des femmes autochtones du Canada reproche au gouvernement fédéral de ne pas en faire assez ou de ne pas agir assez rapidement. Mme McBride estime que la motion de mardi est une étape importante, mais il reste encore beaucoup à faire.

La plupart des fonds annoncés pour répondre aux recommandations de l'enquête sont restés bloqués dans la bureaucratie gouvernementale, a affirmé Mme DeLaronde, et selon elle, ils n'ont pas atteint les premières lignes et les femmes et les familles autochtones qui en ont besoin.

Mme DeLaronde a ajouté que tous les Canadiens devraient profiter de la Journée de la robe rouge pour réfléchir à ce qu'ils peuvent faire pour créer un changement.

«La robe rouge est un mouvement que les gens peuvent soutenir, car c'est une occasion de transformer le tissu même de ce pays.»

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne