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«Je ne peux pas regretter quelque chose fondé sur la science», dit le Dr Khadir

durée 13h43
4 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — L’ex-député solidaire, le Dr Amir Khadir, ne regrette pas d'avoir soigné ses patients atteints de la maladie de Lyme avec des antibiotiques sur une durée prolongée. Le Dr Khadir envisage des démarches avec son avocat pour tenter de réduire la sentence de six mois de radiation que le conseil de discipline du Collège des médecins du Québec lui a imposé mercredi.

Le Dr Khadir veut faire appel de la décision du conseil, souhaitant une peine d'un mois de radiation plutôt que six. Il n'a pas donné plus de détails, indiquant que son avocat est à l'extérieur du pays cette semaine.

Rappelons que le Dr Amir Khadir a plaidé coupable aux 12 chefs de la plainte déposée au premier jour de l’audience devant le conseil de discipline, le 28 octobre dernier. Précisons qu'aucune plainte n’a été formulée de la part des patients du Dr Khadir.

Ce dernier était entouré d'un collectif de personnes atteintes de la covid longue, lors d'un point de presse, jeudi, à Montréal. Les patients sont inquiets de sa radiation, car il est l'un des rares au Québec à suivre des personnes atteintes de la covid longue. La liste d'attente pour cette prise en charge dépasse souvent les deux ans.

En point de presse, l'Association québécoise de la maladie de Lyme (AQML) a défendu le Dr Khadir. Elle a souligné que beaucoup des patients qu'il a traités ont été accompagnés par l'AQML et qu'elles ont témoigné d'une réelle amélioration, parfois d'un retour à la vie presque normale.

«Bien sûr que je ne regrette pas»

Questionné à savoir s'il regrettait d'avoir prescrit des antibiotiques pour une durée de plus de 28 jours malgré un engagement auprès du CMQ de cesser cette pratique en 2020, le Dr Khadir a répondu: «bien sûr que je ne regrette pas».

Il a souligné qu'il n'avait pas donné des traitements expérimentaux. «Je ne peux pas regretter quelque chose qui est fondé sur la science», commente-t-il.

Le Dr Khadir affirme que son approche avec ses patients est une décision éclairée de leur part, «en tenant compte des limites de ce qu'on connaît, des lacunes scientifiques, en sous-pesant les bénéfices et les risques».

Selon son récit, les patients arrivent dans son bureau après avoir été investigués de fond en comble pour divers diagnostics. Ils sont souvent «au bout du rouleau» et «de leurs ressources financières», raconte le Dr Khadir.

Typiquement, quand les patients le consultent, ils ont «des pilules à vie qui les rendent complètement gelés, puis incapables de fonctionner» faute d'autres traitements à leur offrir, relate le médecin.

«Dans ces conditions, imaginez c'est quoi la décision éclairée des patients? Au lieu de vivre ma vie de vinaigre et être gelé à ne rien faire, et me voir m'enfoncer, je vais prendre le risque peut-être d'avoir un peu de diarrhée, un peu de crampes», indique le Dr Khadir, faisant référence à des symptômes de la prise d'antibiotiques prolongée.

Pour lui, il s'agit d'une «mauvaise conception» que de penser que les impacts de la prise d'antibiotiques à long terme sont plus grands que les bienfaits pour le patient. «Des a priori tout à fait, mais tout à fait erronés», dit-il.

L'entente de 2020 de cesser de procéder à ce traitement devait prendre fin lorsqu’un protocole de recherche en bonne et due forme sur le traitement par antibiotiques prolongé de la maladie de Lyme chronique serait mis en place.

«Ce que je regrette, c'est de ne pas avoir priorisé les choses, d'avoir fait le cadre de recherche pour qu'il n'y ait pas ces ennuis. Mais la science, heureusement pour nous, indique aujourd'hui que toutes les options sont ouvertes. Je vais le répéter une cinquième fois, y compris [de prodiguer] de l'antibiotique prolongé pour les patients chez qui on soupçonne fortement que ça soit la persistance de la bactérie qui cause des symptômes. Est-ce que tous les patients vont répondre? Non. Mais dans toute maladie chronique, si vous avez un traitement qui donne des résultats, même si c'est le tiers des patients, c'est un grand succès», s'est défendu le microbiologiste infectiologue.

«Ceci étant dit, poursuit-il, les antibiotiques, c'est sûr que si tu en donnes trop, puis surtout si ce n'est pas utile, c'est toxique. Tout ce qui n'est pas utile, c'est poison. Donc c'est toujours une question de sous-peser le risque et le bénéfice», explique le médecin.

Il a réitéré qu'il ne comptait pas récidiver avec ce traitement tant qu'il n'aurait pas toutes les autorisations requises.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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