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Ingérence: les Communes réclament le retrait de Johnston et, à nouveau, une enquête

durée 15h54
31 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — Les partis d'opposition se sont à nouveau unis mercredi pour que la Chambre des communes demande la tenue d'une enquête publique et indépendante sur l'ingérence étrangère, en plus de réclamer, cette fois-ci, que le rapporteur spécial David Johnston se retire.

La motion néo-démocrate en ce sens a été appuyée par une majorité d'élus, seuls les libéraux, minoritaires, s'y étant opposés. Selon les résultats annoncés en Chambre, 174 députés ont voté pour et 150, contre.

«On va continuer de mettre la pression sur (le premier ministre Justin) Trudeau pour qu’il fasse la bonne chose», a réitéré le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, peu de temps avant la tenue de vote sur la motion.

Les libéraux n'ont toutefois envoyé aucun signal, depuis le début de la semaine, qu'ils ont l'intention de passer outre la recommandation de M. Johnston en défaveur d'une commission d'enquête.

En avant-midi, M. Trudeau n'a pas dérogé de son message, rappelant la conclusion du rapporteur spécial et ex-gouverneur général.

«Il pensait au début que oui, peut-être que ce serait la bonne chose (une enquête publique), a découvert et a conclu que non, ça ne l’était pas», a-t-il dit en mêlée de presse.

Il a fait valoir qu'il avait mis entre les mains d'un rapporteur spécial la décision de trancher parce que son gouvernement a «entendu très clairement que les partis d’opposition veulent et voulaient une enquête publique».

Le premier ministre s'en est de nouveau pris aux chefs conservateur et bloquiste, Pierre Poilievre et Yves-François Blanchet, en raison de leur refus de prendre connaissance d’informations sensibles qui sous-tendent les conclusions du rapporteur spécial.

«Ce qu’on est en train de voir, c’est que particulièrement l’approche que choisit M. Poilievre et, à un certain niveau, M Blanchet rend la situation extrêmement toxique et la rendrait quelle que soit la personne qu’on choisirait (à la place de M. Johnston)», a soutenu M. Trudeau.

Semblant piqué au vif, le chef bloquiste a repris le mot en s'adressant aux médias «puisque le mot semble être à la mode».

«Ce qui est toxique, c’est de cacher de l’information que l’appareil média pourrait transmettre au public parce que le public et les électeurs ont besoin d’information pour faire un vote éclairé lorsqu’arrive l’élection», a-t-il rétorqué.

MM. Blanchet et Poilievre refusent de consulter une annexe confidentielle du rapport Johnston puisqu'ils estiment que cela les réduirait au silence en raison des exigences de la cote de sécurité dite «très secrète» dont ils devraient se doter. Néanmoins, un député bloquiste et trois élus conservateurs la liront puisqu'ils sont membres du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR) qui passera en revue le travail du rapporteur spécial.

M. Singh, lui, a accepté de se doter de la cote de sécurité et de prendre connaissance des informations ayant trait à la sécurité nationale.

Quoi qu'il en soit, il se dit résolu à tenter de convaincre les libéraux, avec lesquels son parti a une alliance, de changer leur fusil d’épaule. Or, bien des ministres ont insisté qu'Ottawa est tourné vers les recommandations de M. Johnston.

«Le rapport contient des recommandations et notre rôle, nous, c’est d’aller de l’avant avec (celles-ci)», a par exemple dit le ministre de l'Innovation, François-Philippe Champagne.

Il a assuré que le gouvernent prend acte de chaque motion adoptée par le Parlement, mentionnant qu'«il y en a à peu près tous les jours».

Quant à M. Johnston, le chef néo-démocrate estime que «l'apparence de biais» visant ce dernier est «si élevée que cela érode le travail» qu'il  est chargé de conclure d'ici à octobre.

Il a plaidé avoir eu une approche «prudente» et loin des «attaques personnelles» des autres partis d'opposition. Il a affirmé avoir été convaincu d'un besoin de retrait de l'ex-gouverneur général,  «particulièrement» par des révélations voulant que l'avocate Sheila Block, qui a épaulé M. Johnston jusqu'à présent, a donné 7593 $ au Parti libéral du Canada entre 2003 et 2022.

Le bureau du rapporteur spécial n'a pas donné suite à une demande de commentaires de La Presse Canadienne. Le principal intéressé a écrit, dans un texte publié vendredi sur le site web du «Globe and Mail», qu’il ne se laisserait pas dissuader de compléter son mandat. C’était donc quelques jours avant le dépôt de la motion visant à demander son retrait.

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne