Impact des combustibles fossiles sur la santé: «du berceau à la tombe»


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Un rapport publié par une coalition mondiale de travailleurs du milieu médical met en lumière les effets des combustibles fossiles sur la santé et appelle les pays à interdire la présence de l’industrie pétrolière et gazière à la COP 30 sur le climat.
Les combustibles fossiles détériorent la santé des humains à chaque étape de leur cycle de vie: extraction, raffinage, transport, stockage, combustion et élimination.
C’est l’un des constats sur lequel l’Alliance mondiale pour le climat et la santé veut attirer l'attention dans un rapport de 150 pages intitulé «Du berceau à la tombe: le bilan sanitaire des combustibles fossiles et l'impératif d'une transition juste».
L’impact du cycle de vie des combustibles fossiles sur la santé est «l’une des plus graves crises de santé publique de notre époque», selon Lujain Alqodmani, présidente de l’Association médicale mondiale, qui signe la préface du rapport.
«L’air pollué par les centrales au charbon emplit les poumons de nos enfants. La hausse des températures causée par les gaz à effet de serre pousse les populations vulnérables au bord de la survie. Des communautés entières sont déplacées, leurs moyens de subsistance détruits, tandis que l’extraction de combustibles fossiles dévaste les écosystèmes», a notamment souligné la Dre Alqodmani.
Chaque étape de la vie
La pollution liée aux combustibles fossiles a un impact sur toutes les étapes de la vie, du développement du bébé jusqu’à la vieillesse, soulignent les auteurs du rapport.
Par exemple, lors de la période prénatale, durant laquelle les organes vitaux se forment, «l’exposition aux polluants issus de l’extraction et de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz est associée à des naissances prématurées, des fausses couches, un faible poids à la naissance et diverses malformations congénitales».
Plusieurs de ces effets, selon le rapport, sont irréversibles, et les enfants seraient particulièrement vulnérables à ce type de polluants en raison «de leur rythme respiratoire plus rapide, de leurs voies respiratoires plus étroites et de leurs organes en développement».
Les sables bitumineux canadiens
L’Alliance mondiale pour le climat, qui a publié le rapport, soutient représenter 46 millions de travailleurs de la santé dans le monde. L’Association médicale canadienne et l’Association canadienne des médecins pour l’environnement sont membres de cette alliance et les chercheurs et médecins canadiens Joe Vipond, Tim K. Takaro et Courtney Howard font partie des auteurs du rapport qui s’appuie sur une synthèse des connaissances.
Le document ne contient pas de nouvelles études, mais cite plutôt une panoplie de cas dans différentes parties du monde.
Par exemple, les auteurs montrent du doigt l’extraction des sables bitumineux au Canada «qui a sonné l’alarme parmi les communautés de premières lignes et les professionnels de la santé».
Des études ont effectivement montré des taux plus élevés de cancer dans les communautés situées le long des rives du lac Athabasca en Alberta, un secteur qui contient la plus grande réserve de pétrole au Canada.
Des études ont aussi révélé des niveaux dangereux d’arsenic, de mercure et d’hydrocarbures dans l’eau de la région, ainsi que dans les poissons, les sédiments et la faune environnante.
Une vaste étude financée par le gouvernement fédéral est d'ailleurs en cour pour bien saisir l’impact de l’extraction des sables bitumineux sur la santé de certaines populations autochtones de l’Alberta.
«Personne n'est à l'abri des expositions toxiques causées par notre dépendance aux énergies fossiles. Les dirigeants politiques connaissent déjà les solutions pour mettre fin à la dépendance aux énergies fossiles et savent qu'il est indéfendable de retarder davantage la mise en œuvre de ces mesures; il suffit de faire preuve de courage politique», a écrit la Dre Jeni Miller, directrice de l'Alliance mondiale pour le climat et la santé, dans un communiqué.
COP 30: un appel à l’action
La Dre Miller demande aux dirigeants politiques de profiter de la conférence de Belém sur les changements climatiques (COP 30) qui a lieu cet automne, pour reconnaître «la dépendance aux combustibles fossiles comme un facteur répandu de maladies».
L'Alliance mondiale pour le climat et la santé appelle aussi les gouvernements à «arrêter les nouveaux projets pétroliers, gaziers et charbonniers, à fixer des échéanciers clairs pour l'abandon progressif des projets existants et à mettre fin aux 1300 milliards de dollars de subventions directes qui maintiennent cette industrie à flot».
Le regroupement d'associations médicales réclame également l'exclusion des acteurs de l’industrie des combustibles fossiles des COP et des autres forums internationaux consacrés à la santé et à la protection de l’environnement.
«Tout comme les gouvernements ont autrefois limité l'influence de l'industrie du tabac, ils doivent désormais interdire le lobbying et la désinformation sur les combustibles fossiles», a écrit la Dre Jeni Miller.
La COP 30 a lieu du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, dans le nord du Brésil.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne