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Glencore veut agrandir une mine de charbon dans l'habitat du koala

durée 14h37
20 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — L’entreprise Glencore, bien connue au Québec pour être propriétaire de la controversée Fonderie Horne, compte agrandir une mine de charbon dans un important habitat du koala en Australie. Le projet suscite l'indignation d'environnementalistes qui se portent à la défense de cet animal emblématique, menacé de disparition.

Le 9 juin dernier, l’organisation Lock the Gate a fait voler des drones au-dessus de la brousse australienne, dans le Queensland, à un endroit où Glencore a l’intention de détruire des écosystèmes pour agrandir une mine de charbon.

«Nous avons détecté 13 koalas en une seule nuit, c’est le nombre le plus élevé jamais observé lors d'une mission de drone d'imagerie thermique de Lock the Gate», a indiqué la scientifique et militante écologique Claire Gronow, dans un échange de courriels avec La Presse Canadienne.

«Il est fort probable que nous aurions détecté davantage de koalas, et peut-être d'autres espèces menacées, comme les grands planeurs (un autre grand marsupial), dans la zone d'impact immédiate si nous avions mené les relevés sur une période plus longue», a ajouté la coordonnatrice de Lock the Gate.

La chaîne de montagnes Clarke-Connors, où se trouvaient les koalas observés, abrite, selon Claire Gronow, une colonie de koalas importante, «reconnue comme essentielle à la survie de l'espèce».

Depuis les feux de forêt de 2019-2020, a rappelé Dre Gronow, la population de koalas en Australie a considérablement diminué et ils ont été classés comme «espèce menacée» par les législations étatiques et fédérales.

Glencore sait que le projet menace les koalas

L’entreprise Glencore a l’intention d’agrandir la mine à ciel ouvert de charbon Hail Creek, située dans le bassin de Bowen, dans le centre du Queensland.

La multinationale est consciente que son projet perturberait un important habitat du koala.

Dans une évaluation environnementale soumise au gouvernement du Queensland et disponible sur le site web de Glencore, la firme de consultants SLR Consulting Australia a écrit que les impacts du projet sur 6km2 «d'habitat du koala dans la zone d'étude seront inévitables et perturberont des sites écologiquement importants (aires de reproduction, d'alimentation et de repos) pour cette espèce» et qu’en somme, «le développement de la zone d'étude aura un impact résiduel important sur le koala».

La Presse Canadienne a tenté de questionner des représentants de Glencore en Australie, mais n’avait pas obtenu de réponse au moment de publier ces lignes.

Charbon: double menace pour les koalas

Claire Gronow a souligné que les mines de charbon représentent une double menace pour la survie du koala.

«Elles détruisent de vastes zones d'habitat tout en alimentant le réchauffement climatique, qui exerce une pression sur les populations de koalas en réduisant leurs ressources alimentaires et en augmentant les températures», a-t-elle expliqué.

Mme Gronow a précisé que «les koalas sont particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur et la sécheresse réduit également la valeur nutritionnelle des feuilles d'eucalyptus, leur seul aliment».

Les mines de charbon produisent effectivement énormément de gaz à effet de serre (GES).

Les changements climatiques sont causés principalement par les combustibles fossiles, mais, parmi ces combustibles fossiles, c’est le charbon, avant le pétrole et le gaz, qui produisait le plus de GES dans le monde en 2023, selon les données de Global Carbon Budget (2024).

La combustion du charbon est tellement nocive pour la santé et le climat que, dans les dernières années, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a plusieurs fois appelé les Nations à éliminer progressivement la production d'électricité à partir du charbon.

En 2021, le chef de l’ONU avait même déclaré que «l'élimination progressive du charbon du secteur de l'électricité» était «l'étape la plus importante pour atteindre l'objectif de 1,5 degré» de l’Accord de Paris.

Un projet en attente d’être approuvé

L'agrandissement de la mine Hail Creek est en cours d'évaluation par l'État du Queensland et le gouvernement fédéral australien doit ensuite déterminer si le projet peut aller de l’avant.

«Le gouvernement du Queensland et le fédéral ont l'habitude d'approuver des extensions de mines de charbon qui détruisent l’habitat des koalas», a dénoncé Claire Gronow, en donnant l’exemple récent de l’approbation de l’agrandissement de la mine Jellinbah's Lake Vermont, également dans le Queensland.

La Presse Canadienne a tenté d’interroger le bureau du ministre de l’Environnement de l’Australie, Murray Watt, sur le projet d’expansion de Glencore, mais l’attachée de presse Taley Eley a répondu que «le gouvernement australien ne donne pas d’avis et ne préjuge pas des décisions concernant les projets susceptibles de devoir être évalués en vertu de la législation environnementale fédérale».

Au Québec, Glencore a fait l’objet ces dernières années d’une intense surveillance médiatique et politique pour ses rejets d’arsenic dans l’air, beaucoup plus élevés que la norme environnementale.

La multinationale a également fait l’objet d’enquêtes pour corruption dans plusieurs pays.

Par exemple, en 2022, Glencore a accepté de payer jusqu’à 1,5 milliard $ d’amendes pour régler à l’amiable des allégations de corruption au Brésil, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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