Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

François Legault estime qu'il y a un lien entre l'immigration et l'itinérance

durée 16h26
21 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault a de nouveau pointé du doigt l’immigration comme étant responsable du déclin du français dans la métropole, du manque de logements abordables et même, par extension, de l’itinérance.

À l’issue de sa première rencontre avec la nouvelle mairesse de Montréal, Soraya Martinez Ferrada, vendredi, M. Legault a encore une fois appelé Ottawa à réduire de 200 000 le nombre d’immigrants temporaires au Québec.

Interrogé sur la croissance du nombre de personnes sans abri vivant dans des tentes alors que le froid s’est déjà bien installé dans la région métropolitaine, François Legault a d’abord affirmé que personne ne pouvait «être d’accord avec ça et rester insensible. On ne peut pas accepter ça».

«Obligé de faire le lien»

Mais cela dit, il s’est aussitôt dit «obligé de faire le lien avec le fait que, depuis deux ans, la population de l'île de Montréal a augmenté de 200 000. Il y en a plus de la moitié là-dedans qui sont des demandeurs d'asile, donc des gens qui sont dans une position vulnérable. On a dépassé notre capacité d'accueil».

Le premier ministre a rappelé à plusieurs reprises que la population de l’île de Montréal était passée de 2 millions à 2,2 millions au cours des deux dernières années. «Une augmentation de la population de 10 % en deux ans, c'est impossible de donner tous les services. C'est vrai pour les places dans les écoles, c'est vrai pour les services en santé, c'est vrai pour l'hébergement.»

Un peu plus tard, il est revenu sur la question, disant avoir investi «des milliards» au cours des sept dernières années dans des places d’hébergement, «mais à l'impossible, nul n'est tenu. 200 000 personnes de plus en deux ans, ça pose ce genre de problème, entre autres du côté de l'hébergement à prix modique».

Quand un journaliste lui a demandé s’il trouvait que Montréal allait bien, il a reconnu qu’il y avait un rattrapage à faire dans les infrastructures, mais que la métropole allait quand même bien économiquement. Il n’a pu s’empêcher d’ajouter: «Mais on a cette augmentation de 10 % de la population, dont plus de la moitié sont des demandeurs d'asile, qui amène entre autres des problèmes énormes d'hébergement.»

Neuf fois en 20 minutes

En fait, François Legault a mentionné l’accroissement du nombre d’immigrants, soit en chiffres absolus, soit en pourcentage, pas moins de neuf fois lors de la portion française d’un point de presse d’à peine 20 minutes.

À ses côtés, Soraya Martinez Ferrada, elle-même une immigrante et ancienne ministre du gouvernement de Justin Trudeau, a pris une certaine distance face à l’approche libérale de portes ouvertes, disant comprendre les préoccupations de premier ministre Legault et qualifiant la situation de «crise de l'abordabilité du logement». Rappelant que la question de l’immigration relève de Québec et d’Ottawa, elle a reconnu que «c'est sûr que ça met une pression sur les services qu'on donne» et qu’«il y a des gens qui sont issus de l'immigration, qui sont en situation d'itinérance et moi, ça, ça me préoccupe énormément. Et c'est là que je vais mettre mes efforts.»

Déclin du français

Quand ce n’était pas pour parler de leur impact sur la crise du logement et le manque de places d’hébergement pour les itinérants, François Legault s’en est pris aux nouveaux arrivants pour déplorer le recul du français à Montréal. «Je suis très inquiet de la situation du français à Montréal. Depuis deux ans (…) on a eu une augmentation de 200 000 qui vient essentiellement de l'immigration temporaire et quand on regarde les chiffres sur le français au travail, on est passé de 56 % qui parlent principalement français à 51 %, et quand on regarde la langue principale parlée à la maison, on est passé depuis deux ans de 48 % à seulement 43 % qui parlent principalement le français.»

Un peu plus tard, il a répété les mêmes chiffres sur l’usage du français à la maison pour ajouter que «c’est une tendance. On était à 60 % il y a quelques années. Vraiment inquiétante et on ne peut pas accueillir autant de personnes en même temps», a-t-il répété.

«Montréal est une ville francophone», a pour sa part tenu à rappeler la nouvelle mairesse. «Il faut le dire. Il faut travailler avec les entreprises, avec aussi les organismes au niveau de l'immigration et s'assurer qu'on est aussi présents sur l'intégration à l'emploi, l'intégration au niveau de la francisation, assurer le filet social des populations qui s'installent à Montréal et s'assurer que la population aussi qui vient s'installer à Montréal, on ait aussi un soutien à la langue française.»

Les régions peuvent les intégrer

Le premier ministre a toutefois tenu à préciser son propos par rapport aux immigrants temporaires, dénonçant comme il le fait depuis des années maintenant le fait que le Québec reçoive 45 % des demandeurs d’asile au Canada alors qu’il ne représente que 22 % de la population. Mais, a-t-il ajouté, «sur les travailleurs temporaires, je veux être clair. Je comprends les entreprises qui disent 'on veut toujours en avoir plus pour garder des salaires bas', mais à Montréal, là, on a dépassé notre capacité d'accueil. Ce qu'on dit au gouvernement fédéral, c’est 'faisons la différence entre Montréal, Laval et le reste du Québec'. Parce que dans le reste de Québec, on est capable d'intégrer le nombre d'immigrants temporaires qu'on a, parce qu'il y a une masse critique importante de francophones.»

«Mais quand je vois qu'on est rendu en bas de 50 % de francophones à Montréal, ce n'est pas le cas. On n'a pas la capacité d'intégrer autant de monde. Donc il faut réduire le nombre d'immigrants temporaires à Montréal et Laval.»

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge