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Frais de bureau revus: des médecins craignent de devoir fermer leur cabinet

durée 13h36
29 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Des médecins craignent de devoir fermer leur cabinet où ils reçoivent des patients en consultation en raison des tarifs revus dans la loi 2 sur les coûts administratifs que doivent débourser les médecins pour payer les frais de bureau et certains employés.

L’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec (AOGQ) constate déjà des fermetures dans plusieurs régions, dont récemment à Québec, où le Centre d’obstétrique et de gynécologie de la Cité a prévu de fermer ses portes le 30 mars prochain. Depuis un mois, le centre a dû cesser de faire de nouveaux suivis de grossesse. Selon l'association, ce centre suivait 1500 grossesses par année, soit près de 25 % des suivis qui sont effectués dans la ville de Québec.

Le président de l'AOGQ, le Dr Dominique Tremblay, s'inquiète pour les soins en obstétrique et en gynécologie, mais il affirme que cela touche plusieurs autres spécialités, notamment les dermatologues qui sont dans une situation difficile, à sa connaissance.

«Les coûts d'opération et l'inflation ont augmenté partout dans la province, dit-il. On n'est pas les seuls, certainement.»

L'AOGQ mentionne que l’allocation additionnelle pour couvrir les frais de bureau n’a pas été majorée depuis une quinzaine d’années. Les frais fixes dépassent souvent les revenus tirés des actes médicaux, ce qui rend plusieurs pratiques déficitaires.

«Le financement actuellement des cliniques dans les cabinets privés est insuffisant pour subvenir aux frais et aux fonctionnements de clinique», soutient Dr Tremblay.

Il explique que depuis plusieurs années, plusieurs hôpitaux ont cessé de fournir des ressources pour des locaux en obstétrique et gynécologie. Il y a donc beaucoup de suivis de grossesse qui sont effectués en dehors des hôpitaux au Québec et pour lesquels un montant est payé par la Régie de l'assurance maladie du Québec pour fournir un accès en cabinet privé.

Auparavant, pour une visite de suivi de grossesse, le médecin recevait 6,55 $ pour payer les frais d'exploitation du cabinet. Pour «une visite principale où on voyait la patiente» c'était 12 $ et pour une consultation, c'était autour de 30 $, indique le président de l'AOGQ.

«Le ministère a aboli tous les frais concernant le supplément de consultation et a baissé tous les tarifs de 13,4 %, calcule Dr Tremblay. On se ramasse avec un montant maintenant de 10,44 $ par visite, qu'elle soit une consultation de 45 minutes ou que ça soit une visite de 15 minutes.»

Des frais de bureau moindres que le montant donné

Le gouvernement Legault a expliqué dans les derniers jours que certains médecins dépensaient moins que le 30 % qui était donné pour payer les frais de bureau, et qu'ils empochaient le reste. C'est pour cette raison qu'il a revu le montant attribué aux médecins pour ces dépenses.

Le Dr Tremblay est sceptique. «J'ai beaucoup de difficulté à comprendre comment on peut faire ça parce que les montants qui sont donnés ne sont pas suffisants pour garder opérationnelles des cliniques, dit-il. [...] Mettez la réceptionniste, le secrétaire, le système informatique, l'électricité, les assurances, le bail. Écoutez, on peut calculer ça comme vous voulez, mais c'est impossible d'y arriver.»

L’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec se préoccupe de la situation depuis plusieurs années. En 2022, elle a remis au ministre de la Santé un rapport sur une étude économique qui informait que c'était impossible d'arriver avec les montants actuels alloués et s'inquiétait d'éventuelles fermetures de cliniques.

Pour corriger le tir, l'AOGQ demande que les montants soient rehaussés pour maintenir les cliniques ouvertes ou que le gouvernement prenne lui-même en charge les baux et les autres dépenses administratives.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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