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Écoles: le Québec, l'exemple à ne pas suivre, selon un groupe d'experts australiens

durée 10h00
23 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

QUÉBEC — Des experts australiens préfèrent s'inspirer de l'Ontario plutôt que du Québec, qui aurait un système d'éducation presque aussi dysfonctionnel que le leur.

C'est ce qui ressort d'un nouveau rapport intitulé «Leçons du Canada: un système d'éducation égalitaire est possible», rédigé par les chercheurs Tom Greenwell et Chris Bonnor.

Les deux hommes ont fait partie d'une délégation australienne qui a passé 10 jours au Canada en octobre 2024 afin d'en apprendre davantage sur ses différents systèmes d'éducation.

Ils ont trouvé le modèle ontarien plus qu'inspirant, avec ses écoles publiques gratuites, où il n'y a pas de sélection, et son réseau privé non subventionné par l'État.

À l'opposé, le système québécois «à trois vitesses» (public régulier, public sélectif et privé) est vite apparu comme l'exemple à ne pas suivre, a expliqué M. Greenwell en entrevue téléphonique de Canberra.

«Nous avons été marqués par le Québec, parce que tous nos problèmes nous étaient reflétés», a-t-il dit, soulignant avoir reconnu le même écrémage et la même «ségrégation» qu'en Australie.

La concentration d'élèves issus de milieux défavorisés ou en difficulté d'apprentissage dans les classes ordinaires peut causer de réels torts, selon lui.

«Nous lançons un avertissement amical au Québec»: non seulement les enseignants en pâtissent, mais les enfants obtiennent de moins bons résultats que s'ils étaient dans des classes plus diversifiées, a-t-il dit.

L'École ensemble félicitée

Seule lumière à l'horizon pour le Québec, selon M. Greenwell: la proposition «détaillée et sophistiquée» du mouvement citoyen L'École ensemble qu'il cite abondamment dans son rapport.

Rappelons qu'en février dernier, Québec solidaire a présenté le plan conçu par L'École ensemble à l'Assemblée nationale sous forme de projet de loi.

Il vise à ce que les écoles publiques et privées au Québec fassent partie d'un réseau commun, qui serait gratuit et accessible à tous.

L'objectif est que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité, peu importe leurs résultats scolaires ou le revenu de leurs parents.

Le projet de loi 895 propose de regrouper au sein d'un réseau commun les écoles publiques ainsi que les écoles privées qui accepteraient d'arrêter la sélection basée notamment sur les notes.

Les écoles privées qui choisiraient de ne pas intégrer ce réseau verraient leur financement public coupé.

Par ailleurs, la pièce législative propose de rendre accessibles les projets particuliers à tous les élèves et d'interdire tout processus de sélection des élèves.

Elle prévoit les mêmes conditions de gratuité et de financement pour l'ensemble des écoles du réseau commun.

École ensemble calcule que la création d’un réseau commun générerait, à terme, des économies annuelles de 100 millions $.

Appelé à réagir à la sortie du rapport, le coordonnateur d'École ensemble, Stéphane Vigneault, s'est dit fier que ses solutions aient été retenues par le groupe de chercheurs australiens.

Il a dit espérer que le document circule et fasse bouger les choses.

«Il y a une année électorale qui s'ouvre, souligne-t-il en entrevue. On a une solution qui est pragmatique, innovante. Notre objectif, c'est vraiment que ça se retrouve dans les plateformes politiques.»

Un portrait incomplet, déplore la FEEP

De son côté, la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP) déplore ne pas avoir été rencontrée par la délégation australienne.

En entretien, son président, David Bowles, conteste les conclusions du rapport et estime que la force du système québécois réside dans le fait que les parents ont le choix de l'école de leur enfant.

«J'ai déjà assisté à des congrès où des gens d'un peu partout dans le monde venaient voir ce qu'on faisait de bien au Québec, parce que nos élèves réussissent très bien dans les tests internationaux», a-t-il déclaré.

«C'est au Québec qu'on a le plus petit écart entre les élèves qui ont les plus forts résultats et ceux qui ont le plus de difficulté», a-t-il ajouté.

M. Bowles fait également valoir que les écoles privées acceptent désormais 20 % d'élèves avec des difficultés d'apprentissage, alors qu'elles en acceptaient seulement 5 % il y a quelques années.

Caroline Plante, La Presse Canadienne

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