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Des Villes demandent à Ottawa de légiférer contre les PFAS et les microfibres

durée 14h04
22 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

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Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — En cette Journée mondiale de l'eau, l’Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent joint sa voix à la Ville de Montréal pour demander aux gouvernements du Québec et du Canada de légiférer contre les microfibres et les composés perfluorés (PFAS) qui menaceraient la santé des humains, des poissons et des animaux.

Selon l’organisation à but non lucratif Ocean Wise, établie à Vancouver, une maison moyenne au Canada et aux États-Unis émet 533 millions de microfibres de plastique par an par l’entremise de la lessive à domicile.

Avec le temps, les textiles perdent des fibres synthétiques et c’est souvent dans les cours d’eau que ces minuscules particules de plastique se retrouvent.

Selon une récente étude d’une équipe de chercheurs de Polytechnique Montréal, «jusqu’à 13 tonnes de microplastiques pourraient être détournées du réseau des eaux usées de Montréal, en filtrant les eaux rejetées par les laveuses de la métropole».

Dans un communiqué publié lundi, la Ville de Montréal demande aux gouvernements du Québec et du Canada de légiférer afin que «les nouvelles machines à laver en vente au Canada soient équipées de filtres recueillant les microfibres provenant du lavage». 

Cette demande est également formulée par l’Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, qui est composée de 230 municipalités.

Interdire les PFAS

Cette alliance, et la Ville de Montréal souhaitent également que soit interdite la vente de produits contenant des composés perfluorés (PFAS) au Canada.

« L’idée est d’éliminer le problème à la source pour les PFAS, ces polluants éternels », a déclaré Maja Vodanovic, mairesse de l'arrondissement de Lachine, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal et représentante de Montréal à l'Alliance des villes. 

« Ne plus en produire, oui, est une chose, mais il faut aussi interdire la vente de produits qui en contiennent sur le sol canadien; rien de moins », a ajouté Maja Vodanovic dans un communiqué.

Les PFAS sont un groupe de produits chimiques dont les propriétés peuvent rendre les produits résistants à l'eau, à l'huile ou aux changements de température, ou encore réduire la friction. On les retrouve dans une multitude d'objets courants, des instruments de cuisines non adhésifs aux mousses ignifuges en passant par les tissus résistants aux taches.

Des études, au cours des dernières années, ont associé les PFAS à différents problèmes de santé humaine. Les données scientifiques les plus solides concernent un possible risque accru de diminution de la réponse immunitaire; de taux de cholestérol élevés chez les enfants et les adultes; de problèmes de croissance chez les fœtus et les bambins; et de cancer du rein chez l'adulte.

Selon Santé Canada, les citoyens sont exposées aux PFAS principalement par l'ingestion d'aliments, d'eau potable et de poussière.

Santé Canada propose un seuil de 30 nanogrammes

L’agence de santé fédérale a lancé une consultation publique, qui se terminera le 12 avril, et qui propose de fixer un seuil de 30 nanogrammes par litre, pour la somme des concentrations de PFAS totales détectées dans l'eau potable.

Au Québec, les échantillons recueillis dans quatre municipalités dépassent le seuil proposé dans la consultation publique de Santé Canada, selon une étude co-écrite par Sébastien Sauvé, professeur au Département de chimie de l’Université de Montréal.

Son équipe a analysé l'eau potable de 376 municipalités de la province entre 2018 et 2020 et conclu que presque la totalité des échantillons analysés contenait des PFAS.

Les concentrations de PFAS dépassaient 30 nanogrammes par litre à Val-d’Or en Abitibi, à Saint-Donat et Sainte-Adèle, dans les Laurentides, et à Sainte-Cécile-de-Milton, en Estrie. 

«Personnellement, avec les informations scientifiques sur les effets reconnus des PFAS sur la santé, je pense qu’il faut appliquer le principe de précaution et faire le maximum possible pour diminuer notre exposition à ces substances», a écrit Sébastien Sauvé dans un communiqué publié sur le site de l’Université de Montréal.

À la fin du conseil municipal du 20 mars, la Ville de Montréal a publié une déclaration dans laquelle elle indique que «compte tenu du principe de précaution en matière de santé, la solution la plus sensée et efficace est d’interdire la vente de biens et de produits avec des PFAS, afin d’éliminer la pollution à la source».

Les citoyens qui souhaitent participer à la consultation publique initiée par Santé Canada au sujet des PFAS peuvent écrire à l’agence par courriel au [email protected] ou encore faire part de leurs commentaires par la poste.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne