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Des élus libéraux réticents à un abaissement des cibles climatiques de 2030 et 2035

durée 14h40
10 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

EDMONTON — Des députés libéraux sont réticents à ce que leur gouvernement révise à la baisse les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 et 2035 si c'est la direction vers laquelle le premier ministre Mark Carney s'enligne.

M. Carney et plusieurs de ses ministres ont créé un flou, au cours des derniers jours, en évitant de réaffirmer clairement ces objectifs intérimaires devant mener à l'atteinte de la carboneutralité en 2050.

Le Canada prévoit notamment de réduire ses émissions d'au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030, un engagement inscrit dans l'Accord de Paris.

«Moi, personnellement, ça ne me tente pas de voir ces cibles réduites», a dit mercredi le député montréalais et ex-ministre Marc Miller, lorsque questionné sur les objectifs inscrits dans une loi adoptée en 2021 pour 2030 et 2035.

M. Miller a noté, alors qu'il s'apprêtait à se rendre à une session de travail du caucus libéral réuni à Edmonton, qu'il reste à voir l'option que préconisera le premier ministre.

Quelques minutes plus tard, dans un discours d'une vingtaine de minutes prononcé devant les médias et ses députés, M. Carney a réitéré qu'il dévoilera ce qu'il appelle une «stratégie de compétitivité climatique» sans mentionner les jalons de 2030 et 2035. Cette stratégie «se focalisera sur les résultats plus que sur les objectifs, sur les investissements plus que sur les interdictions», a-t-il déclaré.

Il a aussi confirmé qu'il dévoilera jeudi une première série de grands projets d'infrastructure qu'Ottawa veut approuver de façon accélérée, promettant que ceux-ci «feront avancer nos objectifs climatiques». Au cours de son récent passage à Berlin, il avait déjà évoqué cette annonce dans un délai de deux semaines, ce qui coïncide avec la retraite de son caucus.

Pour M. Miller, si les cibles 2030 et 2035 en venaient à être modifiées, la question serait de «comprendre c'est quoi l'objectif, quelles sont les démarches qu'il faut prendre pour s'assurer que les Canadiens puissent vivre avec une économie qui marche, mais aussi un environnement qui est sain».

«Je pense que, justement, pour la jeunesse et pour les gens qui nous élisent, c'est très important d'avoir cet équilibre», a-t-il ajouté.

Le député ontarien Nathaniel Erskine-Smith a pour sa part été sans équivoque: il s'oppose à une révision des cibles.

«Reculer sur nos engagements entourant le climat, si on lit ''Values'' ce serait, pour nous, une chose étrange à faire», a-t-il dit en faisant référence au livre écrit par M. Carney.

Du même souffle, il a dit comprendre les raisons politiques qui ont poussé le premier ministre, dès son entrée en poste, à décider de reléguer aux oubliettes la tarification du carbone sur les combustibles, communément appelée «taxe carbone».

«Si nous nous détournons de certaines choses (...) nous devons accentuer et renforcer des choses comme la tarification industrielle sur le carbone. Alors, ça dépend quelle est la totalité (ou) l'entièreté des mesures. (...) Je n'ai pas le portrait complet et c'est le débat de cet automne», a prédit celui qui a été ministre pendant quelques mois.

Son collègue Chris Bittle, aussi député de l'Ontario, a hésité quand il s'est fait demander s'il est ouvert à une révision à la baisse de la cible de 2030.

Il a fini par répondre par l'affirmative, semblant toutefois mal à l'aise en notant qu'Edmonton est enfumée et en raison d'incendies de forêt. «Fondamentalement, nous devons montrer que nous sommes forts sur le front de l'environnement et des changements climatiques. (...) Nous pouvons voir les changements climatiques avec nos propres yeux.»

Quant au ministre du Patrimoine et anciennement à l'Environnement, Steven Guilbeault, il n'a pas voulu s'avancer sur la question d'une possible révision des cibles de 2030 et 2035. Intercepté alors qu'il s'apprêtait à se réunir en privé avec les élus libéraux du Québec, il s'est contenté d'affirmer que «les changements climatiques demeurent un enjeu prioritaire pour (le) gouvernement» et que celui-ci «continu(e) d'avancer» avec des mesures déjà en place, comme la tarification industrielle du carbone.

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne

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