Des élèves testent leurs compétences en mathématiques à la compétition Putnam

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Par La Presse Canadienne, 2025
ST. JOHN'S — Des étudiants de premier cycle de toute l'Amérique du Nord se sont attelés samedi à une épreuve de mathématiques exténuante de six heures, dont beaucoup d’entre eux ne parviendront probablement pas à résoudre un seul problème.
Le concours de mathématiques William Lowell Putnam, réputé pour sa difficulté, s'apparente davantage à une compétition sportive qu'à un examen théorique. Cet événement annuel attire des milliers d'étudiants, dont la plupart ont peu de chances d'obtenir plus de trois points sur 120.
Pourtant, Gavin Hull, un étudiant de quatrième année, était de bonne humeur en arrivant samedi matin dans le bâtiment de mathématiques désert de l'Université Memorial à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador. Il s’est dit prêt à s'attaquer à douze problèmes complexes.
«Il faut juste s'y mettre, persévérer et voir ce qu'on peut faire», a-t-il déclaré avant la première partie de l'examen.
Surnommé «le Putnam», ce concours annuel destiné aux étudiants de premier cycle nord-américains en est à sa 86e mouture et a lieu le premier samedi de décembre.
L'examen est particulier, car il évalue «une aptitude mathématique intrinsèque et une créativité qui ne sont pas si faciles à acquérir», explique Greta Panova, professeure à l'Université de la Californie du Sud. Elle a participé à l'élaboration des problèmes cette année.
«Les jeunes veulent repousser leurs limites», a-t-elle affirmé en entrevue.
Les questions du Putnam ne sont pas du type de celles que l'on trouve dans les examens ou les manuels scolaires habituels. Elles s'apparentent davantage à des énigmes qu'à des calculs, exigeant souvent des étudiants qu'ils trouvent différentes façons de représenter les choses avant de parvenir à une solution.
Certains concurrents de l'Université de Toronto sont motivés par une saine rivalité avec l'Université de Waterloo, dont les établissements produisent généralement les meilleurs Canadiens au concours Putnam, rapporte Ignacio Uriarte-Tuero, professeur de mathématiques à l'Université de Toronto. Il aide les étudiants à se préparer au concours grâce à des séances hebdomadaires de résolution de problèmes.
«C'est très similaire à une compétition sportive. On peut avoir l'impression d'avoir des athlètes exceptionnels, mais si ton adversaire a de meilleurs athlètes, c'est la fin», a-t-il déclaré.
Il existe aussi une «mini-rivalité» entre l'Université McGill et l'Université de Montréal, selon Sergey Norin, un professeur agrégé de McGill qui aide les étudiants à se préparer au concours Putnam.
«Une année, les étudiants de l'Université de Montréal ont fait mieux que nous et ils s'en sont vantés», a-t-il dit en riant.
À Saint-Jean, Gavin Hull a raconté s'être entraîné pendant des centaines d'heures, en révisant les sujets des années précédentes et en lisant des manuels. Il a déjà passé l'examen trois fois. Samedi, il espérait battre son meilleur pointage de 25 points et figurer parmi les 500 meilleurs.
Après l'examen, il a déclaré avoir réussi à soumettre les solutions de cinq problèmes, soit plus que lors de toutes les autres années où il avait participé.
Les résultats officiels sont généralement publiés quelques mois après l'examen.
L'an dernier, près de 4000 étudiants provenant des quatre coins de l’Amérique du Nord ont passé le concours Putnam. Selon l’Association américaine des mathématiques, qui organise le concours, 61 % des participants ont obtenu trois points ou moins. Le meilleur pointage était de 90 sur 120.
«C'est un concours difficile», a reconnu Gavin Hull, ajoutant en plaisantant qu'il ressentait une sorte de lien émotionnel avec les milliers d'autres étudiants qui y participaient ce jour-là. Mais c'est amusant. J'adore résoudre des problèmes et j'aime les énigmes. L’examen est en quelque sorte l'énigme ultime.»
Sarah Smellie, La Presse Canadienne