Des chercheurs du CUSM percent les mystères des ostéosarcomes


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Des chercheurs du Centre de santé universitaire McGill ont récemment identifié une protéine qui semble contribuer à l'agressivité d'une forme de cancer des os, ce qui pourrait un jour mener à de nouvelles thérapies.
L'ostéosarcome est la forme la plus courante de cancer des os. Elle touche principalement les adolescents, mais aussi parfois les personnes âgées, et les taux de survie stagnent depuis les années 1990.
«Les ostéosarcomes semblent être plus variés qu'on ne le pensait au début, a expliqué la docteure Nada Jabado, de L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, qui a discuté de ses travaux avec La Presse Canadienne en marge de la Journée québécoise sur les sarcomes, le 19 septembre.
«C'est un cancer qui est très difficile à traiter. Donc d'avoir des pistes, même si c'est dans 25 % des cas, c'est très important et ça peut mener à un meilleur diagnostic.»
La docteure Jabado et sa collègue Livia Garzia, qui est scientifique au Programme de recherche sur le cancer à L’Institut, ont étudié des tissus tumoraux provenant de deux cohortes indépendantes de patients.
Elles ont constaté, dans un premier temps, qu'environ un ostéosarcome sur quatre ou sur cinq produit une protéine appelée EZHIP qui est normalement absente des tissus osseux. Il s’agirait de la première preuve expérimentale, tous types de cancers confondus, que la protéine EZHIP agit comme un oncogène, favorisant l’agressivité de la tumeur.
Les deux chercheuses ont aussi découvert que la protéine EZHIP s’accompagne de la perte d'un «frein», ce qui mène à une croissance incontrôlée des cellules, empêche leur différenciation (elles demeurent «immatures») et, en fin de compte, favorise la formation et le maintien des tumeurs.
«(Cette protéine) est présente très tôt, dans très peu de cellules et très peu de structures tellement son effet est fort, a expliqué la docteure Jabado. Son but est de bloquer la différenciation de la cellule dans laquelle elle se trouve.»
Toutefois, ce «frein» est aussi absent chez certains ostéosarcomes où la protéine EZHIP n'est pas exprimée, ce qui suggère l'action d'autres mécanismes.
Règle générale, leurs résultats montrent que l’expression d’EZHIP ou la perte du frein se retrouve dans environ 40 % des tumeurs.
«Dans nos travaux, on a montré que si on utilise un inhibiteur particulier, ça diminue la progression et la survenue de tumeurs dans des modèles de souris», a révélé la docteure Jabado.
Leurs travaux pourraient enfin permettre de prédire la réponse du patient à la chimiothérapie, puisque de faibles niveaux de ce frein sont plus fréquents dans les tumeurs qui réagissent moins bien à la chimiothérapie administrée avant la chirurgie. Cela pourrait donc constituer un biomarqueur qui aidera les médecins à choisir le traitement le plus approprié.
L’ostéosarcome est un cancer des os qui peut se propager aux tissus voisins, et former des métastases dans d’autres parties du corps, souvent aux poumons. Il peut apparaître dans n’importe quel os du corps.
Le traitement de l’ostéosarcome comprend généralement une chimiothérapie néoadjuvante, une chirurgie, et une autre chimiothérapie. Une amputation est parfois nécessaire.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par Nature Communications.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne