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De nouvelles règles facilitant l'indépendance bientôt en vigueur en Alberta

durée 06h12
30 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

EDMONTON — Au moment où le Canada s'apprête à souffler ses 158 bougies mardi, l'Alberta prévoit, trois jours plus tard, officialiser des règles facilitant l'organisation de sa propre célébration de l'indépendance.

À compter de vendredi, le gouvernement du Parti conservateur uni de la première ministre Danielle Smith abaissera officiellement le seuil requis pour que les citoyens puissent lancer un référendum provincial, notamment sur la séparation.

Mitch Sylvestre, président-directeur général de l'Alberta Prosperity Project, un groupe à but non lucratif qui fait la tournée de l'Alberta pour promouvoir l'indépendance, a annoncé son intention de déposer une demande auprès d'Élections Alberta le même jour pour lancer une pétition en vertu des nouvelles règles.

Le groupe vise à recueillir 177 000 signatures en 120 jours afin de soumettre la question suivante aux électeurs : êtes-vous d'accord pour que la province de l'Alberta devienne un pays souverain et cesse d'être une province du Canada ?

«Je ne serais pas surpris que ce référendum ait lieu maintenant et que nous puissions même le remporter», a déclaré M. Sylvestre à La Presse Canadienne.

Il a affirmé que de nombreux Albertains sont sceptiques quant à la capacité du premier ministre Mark Carney à rétablir la confiance après que les politiques fédérales ont, pendant des années, détourné les richesses de l'Alberta vers d'autres régions.

Thomas Lukaszuk, ancien vice-premier ministre progressiste-conservateur de l'Alberta, s'efforce simultanément de contrecarrer cette tentative séparatiste.

M. Lukaszuk, désormais retiré de la vie politique, soutient que les règles albertaines ne permettent pas deux pétitions concurrentes sur le même sujet. «Il n'y a qu'une seule pétition à la fois, donc la mienne exclut la leur», a-t-il déclaré.

M. Lukaszuk a déjà déposé une demande pour lancer une pétition en vertu de la loi actuelle, qui nécessiterait 600 000 signatures. Si sa demande auprès d'Élections Alberta est approuvée, il est convaincu que suffisamment d'Albertains signeront leur nom pour que le gouvernement provincial affirme que sa politique officielle est de rester au sein du Canada.

M. Sylvestre a indiqué qu'il soumettrait des documents pour la deuxième fois vendredi. Il a dit croire que la pétition de M. Lukaszuk pourrait retarder la campagne pour l'indépendance de l'Alberta, mais qu'elle ne parviendrait pas à recueillir autant de signatures dans le délai de 90 jours.

Des sondages récents suggèrent que le soutien au séparatisme en Alberta n'a pas atteint la majorité. Cependant, l'intérêt pour la tenue d'un référendum sur l'indépendance grandit à chaque conférence organisée, a soutenu M. Sylvestre.

«Plus le message sera entendu, plus il y aura de personnes favorables», a-t-il affirmé.

Élections Alberta a indiqué que chaque demande est évaluée dans l'ordre de réception, mais que l'organisation ne peut commenter les demandes soumises jusqu'à présent.

Des experts juridiques affirment qu'un vote sur la rupture des liens avec le Canada entraînerait le pays en terrain inconnu, ce qui pourrait engendrer des négociations complexes entre les gouvernements et les Premières Nations.

Le gouvernement de Mme Smith a présenté le projet de loi peu après la victoire électorale du premier ministre Carney plus tôt cette année, mais a déclaré qu'il aurait été proposé quel que soit le résultat.

Pour défendre son projet de loi, Mme Smith a fait valoir que le nombre croissant d'Albertains mécontents de la Confédération ont raison d'être frustrés, et elle souhaite voir davantage de possibilités de démocratie directe. Elle affirme depuis longtemps vouloir la souveraineté de sa province au sein d'un Canada uni.

C'est une phrase que M. Lukaszuk trouve dénuée de sens. «C'est comme si je disais : "Je suis célibataire dans les limites de mon mariage"», a-t-il illustré.

Interrogée plus tôt cette semaine sur ce que son gouvernement pourrait faire pour apaiser les aspirations séparatistes, Mme Smith a déclaré qu'il incombait à Ottawa de renverser les politiques qui, selon elle, freinent la production et l'investissement énergétiques en Alberta.

Ces derniers mois, elle a demandé à M. Carney d'abolir plusieurs politiques et programmes fédéraux, notamment un projet de plafond d'émissions de gaz à effet de serre, une réglementation du réseau électrique à consommation énergétique carboneutre et l'interdiction des pétroliers sur la côte ouest. «C'est vraiment entre les mains d'Ottawa», a soutenu Mme Smith, jeudi.

Bien que M. Lukaszuk ait déclaré que Mme Smith a le droit de négocier avec le gouvernement fédéral, il croit qu'elle ne devrait pas utiliser la menace de sécession comme moyen de pression.

Il a affirmé que la législation référendaire du Parti conservateur uni est dangereuse et pourrait ouvrir une boîte de Pandore de questions électorales, dont certaines pourraient se retourner contre le gouvernement Smith.

Lisa Johnson, La Presse Canadienne

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