Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Cancer: enfin un répertoire des essais cliniques au Canada

durée 06h00
10 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Les Canadiens ont enfin accès à un site web qui recense les essais cliniques menés à travers le pays contre le cancer, une ressource pourtant offerte de longue date dans des juridictions comme les États-Unis ou l'Europe.

La Société canadienne du cancer (SCC) et le Consortium de recherche en oncologie clinique du Québec ont ainsi annoncé lundi le lancement du site «Essais cliniques sur le cancer au Canada», qui est présenté comme étant le seul site web national et bilingue destiné à centraliser l’information sur les essais cliniques et la rendre accessible aux patients.

«La diffusion de l'information concernant les études cliniques est une chose qui était manquante, a admis le docteur Denis Soulières, qui est hématologue-oncologue et porte-parole scientifique et médical de la SCC. Elle existait de façon partielle dans certaines provinces, mais on sait qu'il y a clairement un besoin qui est exprimé par la population.»

Une enquête menée récemment par l'Institut Angus Reid en collaboration avec la SCC a ainsi constaté, sans grande surprise, que 90 % des Canadiens sont favorables à un accès élargi aux essais cliniques pour les patients atteints d'un cancer.

Cela étant dit, face à un éventuel diagnostic de cancer, 74 % des personnes interrogées ont confié qu'elles hésiteraient à participer à un essai clinique par crainte d'effets secondaires indésirables et 66 % parce qu'elles se méfieraient de traitements n'ayant pas encore fait leurs preuves.

Plus de neuf participants sur dix ont admis ne savoir que peu ou pas de choses au sujet des essais cliniques.

La nouvelle ressource, a-t-on expliqué par voie de communiqué, vise en partie à remédier à la situation en fournissant «aux Canadiennes et aux Canadiens, à un seul et même endroit, de l’information claire et actualisée à propos des études menées auprès d’adultes à travers le pays, en milieu universitaire et pharmaceutique».

Les essais cliniques, a-t-on rappelé, jouent un «rôle essentiel» dans l’avancement de la recherche sur le cancer, en permettant d'évaluer l’innocuité et l’efficacité de nouvelles approches thérapeutiques sous étroite supervision médicale.

Ils offrent aux patients l’occasion de participer à des projets qui pourraient potentiellement améliorer les soins pour les personnes atteintes de cancer et sauver des vies, a-t-on ajouté par voie de communiqué.

«On a malheureusement encore beaucoup de types de cancers pour lesquels on a encore des besoins très importants, c'est-à-dire que les traitements qui sont actuellement disponibles ne sont pas excessivement efficaces, a dit le docteur Soulières. Donc ça amène beaucoup de gens à vouloir avoir des informations sur des options de traitement différentes, et clairement les options de traitement différentes viennent quand elles sont développées dans le contexte d'études cliniques.»

Les registres qui existaient jusqu'à maintenant étaient «relativement austères», a-t-il ajouté, et s'adressaient davantage à la communauté médicale qu'à la population en général.

Le nouveau site propose des outils de recherche qu'on dit adaptés «aux besoins des patients et des professionnels de la santé». On y retrouve par exemple des fiches détaillées sur chaque essai, notamment en ce qui concerne le type de traitement; les avantages et les risques des essais; les critères d’admissibilité; le lieu où se déroule l’essai; et les coordonnées des personnes-ressources.

Par exemple, lors d'une visite récente sur le site, il n'a fallu que quelques clics pour trouver plus de 500 essais cliniques portant, de près ou de loin, sur le cancer du sein; près de 200 consacrées au cancer de la prostate; et près de 250 qui portent sur le cancer du poumon.

Des cancers aussi impitoyables que le glioblastome, le cancer du pancréas et le cancer du foie ne sont pas en reste, avec respectivement 20, 80 et 215 essais cliniques.

«Le but était de développer quelque chose qui servira autant (...) aux professionnels de la santé qu'aux patients qui pourraient être intéressés par le fait de rechercher une option d'essai clinique plutôt que simplement les traitements conventionnels», a expliqué le docteur Soulières.

On espère que l'outil favorisera le dialogue entre le patient et son médecin en rendant facilement accessible l'information concernant les occasions qui sont disponibles «en termes de traitement, mais aussi en termes de recherche», a-t-il précisé.

«Dans les études cliniques, le diable est dans les détails, a rappelé le docteur Soulières. Même si de prime abord, en lisant un titre, on pense que ça pourrait s'appliquer à nous, quand on regarde les critères spécifiques, ce n'est peut-être pas le cas. Donc sincèrement, je pense que ça devient un outil pour discuter de la maladie et des opportunités de traitement.»

L'outil permettra aussi de mesurer si suffisamment d'occasions de recherche sont offertes aux patients du Québec et du Canada, a-t-il ajouté, même si plusieurs acteurs du milieu considèrent d'emblée que ce n'est pas le cas.

On estime par exemple que, pour faire avancer la science, il faudrait que 15 % des patients atteints d'une pathologie participent à un essai clinique pour générer suffisamment de connaissances pour pouvoir proposer de meilleurs traitements ― «mais en ce moment, au Canada, on n'est clairement pas à 15 %», a déploré le docteur Soulières.

Face à cette situation, a-t-il ajouté, la Société canadienne du cancer a dû prendre «le relais du gouvernement qui, à mon avis, devrait démontrer son intérêt envers les essais cliniques et favoriser qu'un tel registre existe, et favoriser aussi que de plus en plus d'études cliniques soient accessibles à un grand nombre de patients qui ont le cancer au Québec et au Canada».

«Le but ici est de faire en sorte qu'on augmente les opportunités parce que si l'information n'avait même pas été là, un certain nombre de personnes ne pourraient peut-être même pas avoir accès à cette information pour peut-être être dirigées vers un essai clinique», a conclu le docteur Soulières.

-----

Sur internet: essaiscancercanada.ca

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge