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Cancer du sein: l'accès à la cryoablation s'élargit au CHUM

durée 09h34
5 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La cryoablation offerte en première québécoise au Centre hospitalier de l'Université de Montréal depuis l'an dernier est maintenant accessible à un plus grand nombre de patientes atteintes d'un cancer du sein, a appris La Presse Canadienne.

Initialement réservée aux patientes dont la tumeur mesurait tout au plus 1,5 centimètre, cette technique novatrice d'ablation par le froid est maintenant parfois utilisée pour réduire la taille des tumeurs plus grosses et prévenir les complications.

Si rien n'est fait, a rappelé le docteur Matthew Seidler, qui est chef de section en imagerie du sein au département de radiologie du CHUM, la tumeur continuera à se développer, au point où elle pourra causer de la douleur et même éventuellement percer la peau et s'infecter.

«C'est vraiment problématique à gérer, surtout pour une patiente âgée qui est en fin de vie, a-t-il expliqué. Alors dans certains contextes, on peut maintenant offrir une cryoablation plutôt palliative pour diminuer la taille de la tumeur pour que ça cause moins de symptômes.»

La cryoablation consiste littéralement à «geler» la tumeur cancéreuse à l’aide d’une aiguille ultrafine. L’intervention, qui est pratiquée sous anesthésie locale, ne laisse pratiquement aucune cicatrice et la patiente reçoit habituellement son congé la journée même.

La congélation rapide à -40 degrés Celsius et les cycles de décongélation subséquents provoquent une sorte de cascade de mort cellulaire qui détruit la tumeur. Et non seulement le froid provoque-t-il la mort des cellules cancéreuses, mais il entraîne aussi l’expression d’antigènes tumoraux qui sont ensuite reconnus par le corps humain, ce qui provoque une réponse inflammatoire par le système immunitaire.

Dans un contexte de cancer du sein, a rappelé le docteur Seidler, «ce qui tue les patientes, ce n'est pas nécessairement la tumeur dans le sein, c'est quand la patiente développe des métastases» et que la maladie se propage ailleurs.

Lorsque la tumeur est de petite taille, a-t-il ajouté, on peut être raisonnablement certain qu'elle sera entièrement congelée. Mais face à une tumeur plus grosse, «c'est plus difficile d'être sûr que la tumeur est complètement englobée par notre glaçon et (...) on a le risque d'avoir de la maladie résiduelle».

«Dans une situation comme celle-là, l'objectif est plutôt de diminuer la charge tumorale pour éviter des complications», a expliqué le docteur Seidler.

En 2025, a-t-il ajouté, le traitement d'un cancer du sein passe par un «arsenal» de thérapies – chirurgie, radiothérapie, immunothérapie, chimiothérapie, etc. – et on sait que c'est cette «approche multidisciplinaire» qui permettra d'obtenir les «meilleurs résultats».

«Les traitements ont un effet synergétique, a dit le docteur Seidler. Alors c'est toujours mieux de combiner les traitements quand c'est possible.»

Dévoilés récemment, les résultats de l'essai clinique ICE3 abondent d'ailleurs en ce sens.

Ces données révèlent ainsi que 3,6 % des 194 patientes traitées par cryoablation avaient subi une rechute après cinq ans, «ce qui est quand même très bien», a estimé le docteur Seidler.

Le taux de rechute était de seulement 2,6 % parmi les patientes qui avaient profité d'un traitement adjuvant en plus de la cryoablation.

«Ce sont des statistiques comme celles-là qui m'incitent à expliquer à mes patientes que oui, la cryoblation peut être une bonne option, mais qu'idéalement on la combine avec les autres traitements si c'est possible», a dit le docteur Seidler.

Cela étant dit, la cryoablation reste une technique nouvelle et la littérature scientifique à son sujet est mince comparativement à celle dont on dispose pour d'autres traitements.

Il faut donc continuer à sensibiliser la communauté médicale; à traiter davantage de patients pour acquérir plus d'expérience; et à générer les données qui révéleront si la technique peut être étendue «à d'autres indications», a expliqué le docteur Seidler.

«J'espère que dans un an on sera capables d'offrir ce traitement-là à encore plus de patientes», a-t-il dit.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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