Autochtones: un rapport souligne l'importance de la sécurité culturelle en recherche


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Par The Canadian Press, 2024
MONTRÉAL — Il est primordial d'adopter des façons de faire favorisant la sécurité culturelle des Autochtones en contexte de recherche, soulève un rapport étoffé de plusieurs partenaires œuvrant pour les communautés autochtones.
Le document d'une centaine de pages est le fruit d'un travail de l’Unité de soutien (SSA) du programme de recherche en santé autochtone du Québec, le département de médecine familiale de McGill, le Bureau du Principe de Joyce et le Tahatikonhsontóntie’ Environnement réseau de recherche en santé autochtone du Québec (ERRSA-Qc).
Le rapport diffusé jeudi est le fruit d'une consultation de la «Table ronde sur la sécurité culturelle en contexte de recherche» qui avait comme objectif de définir et d’identifier les meilleures façons de mener une recherche culturellement sécuritaire en santé autochtone.
La sécurité culturelle est un processus selon lequel les professionnels de la santé doivent constamment revoir leurs connaissances, attitudes et comportements pour répondre aux besoins des populations autochtones. Elle a pour objectif de réduire les inégalités en santé vécues par les peuples autochtones.
Le rapport fait valoir l'importance de l’élaboration d’une formation portant spécifiquement sur la sécurité culturelle en contexte de recherche. À l’heure actuelle, au Québec, il n’existe pas de formation sur la sécurité culturelle destinée aux personnes allochtones intéressées à faire de la recherche avec des partenaires autochtones.
Dans un premier temps, le rapport dresse un portrait de la santé précoloniale et de l’impact du colonialisme européen sur la santé des Autochtones du Canada. Il souligne que les colonisateurs en Amérique du Nord et les régimes qui en ont découlé «ont eu un impact majeur sur l’ensemble de la vie des Autochtones, un impact qui continue à ce jour de se refléter dans les résultats de santé des Premiers Peuples du territoire».
La santé des Autochtones est indissociable des pratiques coloniales, de la discrimination et du racisme, soutient le rapport. Ces enjeux continuent de représenter des barrières majeures, notamment quant à l’accès aux services de santé.
Aujourd'hui, l'espérance de vie des Autochtones est de 8,4 ans de moins que celle des allochtones.
«Si d’un côté, certaines personnes œuvrant dans le domaine de la santé adoptent des comportements et attitudes discriminatoires envers les patients autochtones, ce sont principalement les effets cumulatifs du racisme envers les Autochtones dans tous les systèmes de la santé canadiens qui contribuent à l’érosion de leur santé et à l’augmentation des facteurs de risques», explique-t-on.
De nombreuses recommandations se retrouvent dans le rapport, notamment certaines adressées aux décideurs politiques. On souhaite que ces derniers renversent «les tendances actuelles de la recherche afin qu’elles soient décentrées du milieu académique» et que les peuples autochtones puissent mener des recherches et trouvent eux-mêmes les solutions aux enjeux vécus par leurs collectivités.
On demande également aux politiciens de mettre sur pied des comités formés de chercheurs autochtones à l’intérieur des institutions politiques à tous les niveaux de gouvernement.
Les chercheurs devraient par ailleurs détenir «un ensemble de connaissances sur l’impact du colonialisme sur la santé des Peuples Autochtones». On recommande également qu'ils développent une entente de collaboration avec les partenaires autochtones, qui toucherait l’ensemble du processus de recherche, de la gestion des données jusqu'à la diffusion des résultats.
On souligne l'exemple de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador comme un modèle à suivre.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne