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Connaissez-vous… Pierre Patry, l’homme de théâtre et de radio

durée 08h00
14 avril 2024
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Pierre Patry naît à Hull en 1933. Il est le neuvième d’une fratrie de treize enfants. Ses parents, mariés en 1921, se nomment Joseph et Alda Lamoureux. Joseph est pharmacien-chimiste alors qu’Alda s’occupe principalement de la maisonnée. Pierre la perdra en pleine adolescence; sa mère décède en 1949.

Cheminement scolaire

Pierre Patry, futur homme du monde des arts et de la culture, fait ses classes primaires à Hull, Deschênes et à Aylmer. Il est, par la suite, académiquement formé au Collège Saint-Laurent de Montréal en 1948-49 où il débute son cours classique. Il poursuit à l’Externat classique du Collège Marie Médiatrice de Hull de 1949 à 1954.

Par correspondance, il suit un cours de philosophie à l’Université d’Ottawa. Étudiant émérite et fort impliqué, il sera élu président des étudiants au collège et recevra une bourse d’études d’un an, bourse décernée par la Société Saint-Jean-Baptiste.

Pierre Patry a toujours aimé écrire. Et donner son opinion. Étudiant, il rédigeait des poèmes et des pièces de théâtre en plus d’inventer des histoires et des scénarios de films. Il composait aussi de courts textes dans lesquels il se permettait de donner son opinion sur maints sujets.

Au cours de sa carrière, il œuvre dans le domaine des arts, de la culture, des communications et de l'éducation à distance. Ses occupations le mèneront à habiter à Hull, à Montréal ainsi que dans la région de Vaudreuil-Soulanges à compter des années 1960. C’est à Vaudreuil-sur-le-Lac qu’il décédera juin 2014.

On peut distinguer, au cours de la longue et passionnante carrière de Pierre Patry, plusieurs milieux d’activités tous en lien avec le monde des arts, de la culture et de l’éducation. Le texte qui suit relatera une partie de sa vie touchant au milieu théâtral et radiophonique.

La radio

Toujours étudiant, Pierre Patry débute, en 1950, sa longue carrière professionnelle à la station radiophonique CKCH-Hull, station privée appartenant au journal Le Droit, en tant qu'annonceur. Il œuvre au même moment à CBOT-CBOFT, la chaîne télé de Radio- Canada à Ottawa, où il est nommé premier annonceur francophone.

De juin 1953 à février 1956, il travaillera aux deux postes de radio, tout en poursuivant ses études. En février 1956, il ne se consacre qu’à un seul poste de radio. Il devient réalisateur-annonceur pour CKCH, toujours à Hull. Il sera alors choisi « un des cinq citoyens de l’année » à Hull en 1956 par le journal Le Progrès de Hull.

C’est que Pierre Patry ne ralentit pas et met ses énergies partout où il peut faire avancer les choses et où il peut laisser libre cours à sa soif d’apprentissage et de partage de connaissances.

Dans les années qui suivent, il sera tour à tour producteur, réalisateur, comédien et annonceur à CKCH.

Le théâtre

Parallèlement à ses activités radiophoniques, il fonde, en 1952, sa troupe de théâtre amateur à Hull qui sera nommée l’année suivante : Les Dévôts de la Rampe. Un nom qu’il trouvait fantaisiste.Toujours étudiant, il est également responsable des spectacles produits au collège.

Il participe, durant les années 1950, à la fondation de l’Association canadienne de théâtre amateur. C'est d'ailleurs à cette époque qu'il rencontre celle qui deviendra son épouse, Agathe Guitor ayant comme nom d’artiste Gabby Sylvain, connue, au fil des ans, dans le milieu théâtral, de l'enseignement de l'art dramatique et en tant que directrice adjointe de l'École secondaire Vaudreuil durant plusieurs années.

Quatre enfants naissent de leur union : Johanne, Stéphane, Sylvain et Marc. La deuxième fille
de Pierre Patry, Nathalie, naîtra d’une seconde union.

Au théâtre, il cumule les fonctions de réalisateur, metteur en scène et même de comédien. Voici quelques-unes des pièces auxquelles il a participé en tant que l’une et/ou l’autre des fonctions nommées. Le Malade imaginaire de Molière (1953-1954, 1954-1955 au Ottawa Little Theatre à Hull et en tournée et 1955-1956 au Festival régional de Peterborough). Cette année-là, lui et sa troupe se verront décerner les mentions « meilleure production » et « meilleure actrice » en plus de remporter le trophée pour le meilleur interprète masculin. Marions-nous de Pierre Ador (1953), L’ours de Tchékhov (1953-1954), La Paix chez soi de Courtelins (1953-1954).

Il interprétera le rôle de Passe-Partout dans Zone de Marcel Dubé en 1955. On le voit aussi jouer dans les pièces suivantes alors qu’il les réalise ou met aussi en scène : Britannicus (1955-1956 et 1956-1957), La Maison du Printemps de Fernand Milhaut (1956-1957), Les Précieuses ridicules de Molière (1956-1957), La Poudre aux yeux de Labiche (1957-1958), Rétrospective que Pierre Patry écrit en plus de réaliser et jouer (1957-1958), L’œil du Peuple de A. Langevin (1957-1958 au TNM), Tartuffe de Molière (1957-1958), Le chant du Berceau de Martinez Sierra (1957-1958), Chambre 110, création de Jacques Bobet (1959-1960 au Fonie tHéâtre-Inter à Ottawa), et une nouvelle fois Chambre 110, cette fois-ci en création d’une nouvelle version en 1959-1960 avec laquelle il remporte trois (3) trophées au Festival de Montréal.

La liste des œuvres pourrait se poursuivre encore longuement, mais nous arrêterons la nomenclature ici. Mentionnons seulement qu’il a également travaillé à la création de deux pièces canadiennes en 1960-1961 en plus de préparer la mise en scène d’un opéra-comique en trois actes intitulé Véronique et de superviser l’opérette Maritza en 1961-1962. Les faits d’armes parlent d’eux-mêmes, Pierre Patry était fonceur, très productif et polyvalent.

Le théâtre radiophonique

Joignant ses deux passions, la radio et le théâtre, Pierre Patry, directeur de la troupe des Dévots de la rampe, et son équipe réalise et produit près de 325 pièces de théâtre radiophonique aussi appelé radiothéâtres pour la station CKCH. Il met en scène, adapte et joue des pièces de Molière, Racine, Corneille, des Vaudevilles et de type Boulevard.

Ses réalisations et ses interprétations à différentes émissions du dimanche après-midi de la Société Saint-Jean-Baptiste de Hull allaient être le point de départ de toute son expérience en art dramatique.

Depuis lors, il prend un malin plaisir à apporter le meilleur de sa collaboration et de celle de sa troupe à ces émissions, comme marque de reconnaissance. En 1953-1954, leur participation sera importante au Théâtre imaginaire, une série de radiothéâtres hebdomadaires. Son épouse, Agathe, et lui-même ont aussi interprété des textes divers à l’occasion du Chemin de la Croix de Paul Claudel. Cette collaboration annuelle dura quatre années.

En 1955-1956, il sera comédien, réalisateur et le producteur d’une nouvelle série de théâtre radiophonique d’une durée de 30 minutes portant le titre d’Entrée libre. Près de 40 de ces radiothéâtres ont été joués durant l’année et plus de trente-quatre autres émissions ont été interprétées en 1956-1957. Les textes étaient alors fournis par le Laboratoire radiophonique de Guy Beaulne de Radio-Canada.

C’est donc sur cette lancée que Pierre Patry a débuté sa carrière dans le monde des arts. On retiendra de ce personnage son implication et sa volonté de faire bouger le milieu du spectacle radiophonique. Au début des années 1950, on se rappelle que la télévision commence à peine.

Les émissions et le théâtre radiophoniques ont la part belle dans le monde du divertissement. Pierre Patry aura su profiter de cette époque pour développer son art et son sens des affaires. Ces qualités le suivront tout au long de sa carrière et de sa vie. Au cours d’une prochaine rencontre textuelle, Pierre Patry, le cinéaste, vous sera présenté.

Auteure : Julie Bellefeuille, archiviste/directrice du Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges