Manque de personnel, fermeture d'unités, transferts de services
Des médecins exigent la mise sous tutelle de l’hôpital du Suroît
Après le Comité sauvons le Centre mère-enfant, voilà que le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP), exige à son tour, la mise sous tutelle de l’Hôpital du Suroît.
Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, Christian Dubé, et dont La Presse a eu copie, le CMDP met en lumière la situation « dangereuse et insoutenable » de l’établissement de santé.
« Depuis votre visite, la situation déjà dangereuse et insoutenable s’est nettement détériorée. Départs d’infirmières [ruptures] de services multiples, démissions de médecins et accumulation d’erreurs médicales ont engendré un contexte de soins devenu carrément impossible », pouvons-nous lire dans l’extrait publié par La Presse.
Toujours selon la missive, l’hôpital pourrait être contraint de fermer ses portes d’ici quelques semaines si rien n’est fait; ce que dément l’administration du CISSSMO. « Je vous confirme que la fermeture de l'Hôpital du Suroît n'est aucunement envisagée », a indiqué la responsable de communications, jointe ce samedi par l’équipe de Néomédia, Jade Saint-Jean.
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Manque de personnel plus que criant
Départs non planifiés, congés de maternité, congés de maladie, bref, la pénurie de main-d’oeuvre est criante au sein du CISSSMO. « La situation de la main-d’œuvre est effectivement critique dans nos hôpitaux et des décisions difficiles sont prises en collaboration avec les principales parties prenantes afin d’assurer une prestation de services sécuritaires à la population », explique Mme St-Jean.
Par conséquent, une unité de médecine comprenant quatre lits de pédiatrie a dû être fermée en raison d’une perte d’expertise liée aux départs. Mme St-Jean indique que néanmoins, « le corridor de services qui a été instauré avec l’Hôpital de Sainte-Justine est maintenu. »
Le personnel de l’unité a été redéployé dans d’autres départements tout aussi en difficulté. « Plus particulièrement, ce sont 14 lits qui seront fermés et 22 lits déjà libres qui seront regroupés afin de les situer sur une même unité pour maximiser l’usage des ressources. Cette décision a été prise pour le bien et la sécurité des équipes et des usagers puisqu’il était impossible d’y maintenir les opérations courantes », poursuit la porte-parole du CISSSMO.
Rappelons que le 7 avril, Néomédia annonçait que le CISSS de la Montérégie-Ouest avait modifié temporairement l’offre de services en obstétrique à l’Hôpital du Suroît afin d’assurer aux familles des soins et des services d’obstétrique sécuritaires et de qualité. Ainsi plusieurs accouchements devront être redirigés vers l’Ouest de l’île de Montréal. Une entente en ce sens avec le CIUSS de l’Ouest-de-l’Île a d’ailleurs été entérinée.
Une situation décriée depuis des mois
Le CMDP n’est pas le seul à exiger des mesures drastiques pour faire face à la situation. En mars dernier, le docteur Sylvain Dufresne, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest, coordonnateur au RLS Vaudreuil-Soulanges et docteur à la Clinique des Trois-Lacs, de Vaudreuil-Dorion, dénonçait le manque de communication entre les divers intervenants, mais plus encore, il déplorait l’absence de leadership de la direction du CISSSMO. « Les médecins n’ont plus confiance en Yves Masse [PDG du CISSS de la Montérégie-Ouest] », avait-il indiqué en entrevue avec Néomédia.
De son côté, la présidente du syndicat des professionnels en soins de la Montérégie-Ouest, Mélanie Gignac, indiquait : « Il n’y a pas de qualificatif assez fort pour décrire la détresse des professionnels. Les infirmières n’ont plus de voix pour se faire entendre. La seule voix qui reste aux infirmières sont les sit-in, mais même là, le tribunal administratif nous retourne au travail en nous disant que nous mettons en danger la vie des patients. Mais le fait qu’il manque huit infirmières à l’urgence n’est pas un problème en soi. »
Lors d’une entrevue téléphonique, Mme Gignac soulignait que près de 900 infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires ont quitté le navire depuis le début de la pandémie, et ce, seulement sur le territoire de la Montérégie-Ouest. « La situation était invivable avant même la pandémie. Celle-ci est tout simplement venue amplifier les problèmes. Au début de la crise, il manquait environ 400 professionnelles. 300 ont quitté, démissionné ou ont littéralement déserté la profession, et un autre 600 est actuellement en congé soit de maladie, de maternité ou autre. Il y a des gens qui démissionnent toutes les semaines, mais l’employeur veut maintenir ses services à 100%. » Des 300 employés qui ont quitté, environ, 200 avaient moins de cinq années d’expérience selon la présidente.
Des solutions envisagées
Pour éviter une congestion au niveau de l’urgence en raison de la fermeture des quelque 36 lits, des solutions sont envisagées. « Des mesures additionnelles sont réalisées pour diminuer le nombre de patients en fin de soins actifs dans nos lits de courte durée. À ce titre, notre taux est actuellement de 6 % comparativement à 20 % l’an dernier. Notons également qu’en fonction de l’achalandage, des réorientations des ambulances vers les deux autres hôpitaux du CISSS sont effectuées », souligne la porte-parole du CISSSMO.
Pour pallier les enjeux de main-d’œuvre à court terme, toutes les solutions sont envisagées. Jade St-Jean indique: « En plus du personnel d’autres directions qui sont dirigées vers les secteurs critiques, les gestionnaires qui ont une formation clinique sont aussi sollicités régulièrement pour aller prêter main-forte dans nos hôpitaux pour supporter les équipes. D’autres titres d’emploi sont également utilisés en soutien aux unités de soins ».
Finalement, le CISSSMO souligne l’intensification de ses actions de recrutement. « La campagne de recrutement majeure des dernières semaines a permis de recruter 328 personnes dont 65 candidates à l'exercice de la profession infirmière (CEPI) et 103 étudiants en soins infirmiers qui se joindront au CISSS de la Montérégie-Ouest en mai prochain », conclut Jade St-Jean.
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