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La Semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires vise à briser des préjugés

durée 17h34
29 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Si les troubles alimentaires sont souvent associés à un groupe démographique précis, ils peuvent affecter n’importe qui. Dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires, qui se déroule du 1er au 7 février, Anorexie et Boulimie Québec (ANEB) et l’organisme communautaire la Maison l’Éclaircie s’unissent pour défaire certaines croyances liées à ce type de trouble.

«Ce qu’on veut, c’est briser les préjugés et élargir la perception qu’on a des troubles alimentaires. (...) On essaye de montrer que ça affecte toutes les couches de la société ; on va en retrouver dans tous les âges, dans toutes les classes de revenus et dans tous les genres», soutient en entrevue Sophia Zito, vice-présidente du conseil d’administration d’ANEB.

Sous le thème «Peu importe qui tu es, un trouble alimentaire peut t’emprisonner. Brisons les préjugés pour que les personnes souffrantes puissent chercher l’aide spécialisée», la Semaine se veut un moment de réflexion collective sur les tabous qui entourent les troubles alimentaires. Du 1er au 7 février, les instigateurs de cette campagne de sensibilisation mettront à disposition un ensemble d’outils et de ressources pour aider les gens qui souffrent d’un trouble alimentaire ainsi que leurs proches.

L’anorexie et la boulimie sont les troubles les plus connus et sont généralement associées aux femmes. Au Québec, l’Université de Sherbrooke rapporte qu'au moins 10 % des femmes âgées de 13 à 30 ans souffrent d'un trouble de l'alimentation important.

«Si on parle d’anorexie, il va y avoir une plus grande proportion de femmes. Ça tourne autour d’environ 85 %, atteste Mme Zito. (...) Par contre, il va y avoir une plus grande proportion d’hommes qui vont se retrouver dans le trouble hyperphagique».

Peu abordée, l’hyperphagie est caractérisée par une consommation compulsive de très grandes quantités d’aliments, souvent en un court laps de temps. Ce trouble peut engendrer une préoccupation constante des activités liées à la nourriture, un mécontentement extrême au sujet de son corps et une distorsion de l’image corporelle négative.

Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, il existe à ce jour quatre types de troubles alimentaires médicalement définis : l’anorexie mentale, la boulimie mentale, l’hyperphagie boulimique et les troubles alimentaires non spécifiés.

La bigorexie (aussi appelée dysmorphie musculaire), dont le terme a récemment été reconnu par l'Association américaine de psychiatrie, est une maladie qui inquiète de plus en plus les spécialistes. Également considérée comme un trouble alimentaire, elle est caractérisée par une fixation sur l’alimentation et une obsession pour le corps «parfait». Les personnes qui en sont atteintes – souvent de jeunes hommes – peuvent être poussées à se surentraîner, à se sous-alimenter et à utiliser des suppléments alimentaires.

«Quand tu es tout le temps au gym et que ton pourcentage de gras n’est jamais assez bas, on parle d’un phénomène qui touche beaucoup plus les hommes. Mais les gens ne savent même pas que c’est un trouble alimentaire reconnu, alors peut-être qu’un homme qui en souffre ne pense pas qu’il a accès à de l’aide», précise Sophia Zito.

Les groupes marginalisés souvent silencieux

Selon les recherches de l’ANEB et de la Maison l’Éclaircie, les personnes issues de groupes marginalisés, comme les membres de la communauté LGBTQ+, les gens ayant des troubles de développement et ceux appartenant aux minorités visibles vont plus rarement chercher du soutien spécialisé pour leurs troubles alimentaires.

«Il faut arrêter de penser que ce sont juste de jeunes filles blanches qui souffrent de troubles alimentaires. (...) Si on montre que ça touche toutes les communautés et qu’on cible des communautés spécifiques, le fait qu’ils vont se reconnaître va être un obstacle de moins à aller demander l’aide nécessaire», explique la vice-présidente.

En ce sens, la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires vise à contrer le sentiment d’isolement de certains individus, qui peuvent penser que ces initiatives ne s’adressent pas à eux. Les hommes et les personnes âgées, entre autres, sont moins enclins à demander de l'aide pour ce genre de trouble.

«On fait des efforts soutenus pour aller chercher, par exemple, les membres de la communauté LGBTQ+ en leur montrant qu’on existe, indique Mme Zito. (...) Des initiatives sont mises en place de notre côté afin d’approcher les différents groupes et qu’ils sachent qu’on est là pour eux aussi».

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse canadienne pour les nouvelles.

Élo Gauthier Lamothe, La Presse Canadienne