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Des infirmières du Nord-du-Québec déclenchent une grève illégale

durée 10h43
20 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Le Tribunal administratif du travail (TAT) a rendu dans la nuit de vendredi une ordonnance d'urgence forçant le retour au travail d'un groupe d'infirmières dans le Nord-du-Québec, qui avaient déclenché un arrêt de travail spontané pour protester contre leurs conditions de travail.

Mercredi après-midi, vers 14h, des employés affiliés au Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la Baie d'Hudson (FIQ) avaient communiqué par courriel avec leur employeur pour dénoncer «une situation qui perdure depuis deux ans, notamment le manque de personnel, son impact et l'inaction de la direction des soins infirmiers». 

Dans cette missive, les syndiqués avertissaient qu'à défaut de répondre rapidement et adéquatement à leur ultimatum avant 17h de la même journée, «des mesures supplémentaires de mobilisation» seraient entreprises.

En guise de réponse, le Centre de santé et services sociaux (CSSS) Inuulitsivik, qui dessert sept communautés dans le Grand Nord, avait proposé de tenir une rencontre jeudi sur l'heure du dîner pour tenter de dénouer l'impasse.

Or, les syndiqués avaient jugé cette proposition insatisfaisante et avaient décliné la main tendue de l'employeur, réitérant leur intention de passer à l'action jeudi, à 17h.

Une rencontre a cependant eu lieu jeudi en milieu d'après-midi. Y ont pris par la directrice des soins infirmiers, la directrice des ressources humaines et la coordonnatrice des dispensaires du CSSS ainsi que des représentants des sept communautés représentées par l'unité de négociation, accompagnées des membres de leur exécutif syndical. 

Lors de cette réunion, des salariés ont indiqué leur intention de ne plus prendre les appels de garde ni de travailler en temps supplémentaire. Une liste de demandes pour améliorer les conditions de travail des syndiqués a par la suite été remise à l'employeur par le président du syndicat.

Malgré tout, à 17h, jeudi, trois employés ont remis leur téléphone de garde à un membre de la direction et ont refusé d'effectuer leur travail. L'employeur a par la suite tenté de rejoindre d'autres syndiqués, qui devaient être de garde entre 17h et 9h; personne n'a répondu à son appel.

En conséquence, le CISSS a demandé verbalement au TAT d'intervenir vers 17h, jeudi, puis a réitéré sa requête par écrit vers 21h30. 

Au terme de l'audience, la juge Irène Zaikoff a ordonné le retour au travail immédiat des membres du personnel en leur rappelant que «le droit de grève n'est pas acquis» et que leurs raisons pour «cesser de fournir leur prestation de travail usuelle ne sont pas pertinentes aux fins du litige».

La juge administrative a par ailleurs mentionné, dans sa décision dont La Presse Canadienne a obtenu copie, que cette grève «porte préjudice ou est vraisemblablement susceptible de porter préjudice à un service auquel la population a droit» dans un contexte où un bris de service pourrait avoir de fâcheuses conséquences.

Elle a rappelé que « l’organisation des services de santé et des services sociaux dans le Grand Nord présente des particularités en raison des distances et des possibilités de déplacement». «Même dans les cas où des médecins ont remplacé des personnes salariées devant prendre les appels de garde, il y a eu des périodes sans service», a rappelé le TAT.

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Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne