Le NPD pourrait détenir la balance du pouvoir avec la minorité libérale


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Après une soirée électorale difficile lundi, le NPD se retrouve sans chef ni statut de parti officiel, mais avec la perspective de tenir la balance du pouvoir avec un gouvernement libéral minoritaire.
Il y a un «paradoxe» dans la situation du parti, a expliqué Karl Bélanger, ancien stratège du NPD et président de Traxxion Strategies.
«Même s'ils ont obtenu leur pire résultat électoral de l'histoire, (…) ils maintiennent la balance du pouvoir et, grâce à cela, ils peuvent potentiellement négocier des gains avec le Parti libéral», a-t-il indiqué.
Le premier ministre Mark Carney dirigera un gouvernement libéral minoritaire, prévoit La Presse Canadienne. Les libéraux ont été élus dans 169 circonscriptions, soit trois de moins que les 172 nécessaires pour une majorité.
Avec ces chiffres, les sept députés néo-démocrates élus par le parti pourraient suffire à maintenir un gouvernement minoritaire au pouvoir. Le NPD comptait 24 députés lors de la dissolution du Parlement.
Le NPD a enregistré la pire performance de son histoire, tant en termes de sièges que de suffrages exprimés, selon le président et directeur général de la firme de sondage Abacus Data, David Coletto.
«Il se retrouve dans une position très faible, même s'il détient peut-être la balance des pouvoirs au Parlement, a-t-il mentionné. Un caucus très restreint pourrait néanmoins jouer un rôle prépondérant à l'avenir.»
Une entente avec le NPD avait permis au gouvernement libéral minoritaire de l'ancien premier ministre Justin Trudeau de rester au pouvoir de 2022 à 2024.
Le chef sortant du NPD, Jagmeet Singh, à l'origine de cet accord avec les libéraux, a démissionné lundi soir après avoir perdu son siège.
Il a embarqué mardi dans l’avion nolisé ramenant son équipe, de Burnaby, en Colombie-Britannique, à Ottawa. Les gens se sont mis à l’applaudir lorsqu’ils l’ont aperçu. Plusieurs des bénévoles avaient des larmes aux yeux.
Le parti est donc à la recherche d'un nouveau chef. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a annoncé mardi ne pas souhaiter briguer ces fonctions.
«J'espère que quelqu'un se présentera pour le parti fédéral et s'engagera à rassembler les Canadiens, à reconstruire le parti et à faire en sorte que le NPD fédéral puisse jouer un rôle important dans l'avenir du Canada», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
M. Eby n'a pas voulu préciser qui, selon lui, devrait assumer ce rôle, mais a reconnu que ce sera une tâche compliquée après une soirée difficile pour le parti.
Malgré une élection «très ardue» et un résultat difficile, le parti renvoie des députés de qualité au Parlement, a soutenu la cheffe du NPD de l'Ontario, Marit Stiles.
Avec moins de 12 sièges, ces députés reviendront toutefois sans statut de parti officiel. Selon M. Bélanger, cela signifie que le parti disposera de moins de ressources, de moins de temps pendant la période des questions et de moins de sièges aux comités.
«Il sera très difficile pour le NPD de trouver l'oxygène nécessaire pour rebondir après le résultat d'hier soir», a-t-il avancé.
Le NPD perdra le financement de ses unités de recherche, que le Parlement accorde aux partis «reconnus» comptant 12 députés ou plus.
D'après M. Bélanger, le NPD pourrait négocier le statut de parti en échange de son soutien aux libéraux.
«Le problème, bien sûr, c'est que le NPD n'est absolument pas en mesure de déclencher des élections anticipées s'il était placé dans cette situation, a-t-il souligné. Il n'a pas les moyens de le faire.»
Le parti devrait également se dépêcher de choisir un chef, car la durée du gouvernement minoritaire est incertaine, a ajouté M. Bélanger.
«Il y aura des pressions au sein du parti pour qu'il se livre à un exercice d'introspection et tente de redéfinir son rôle et sa raison d'être, a-t-il précisé. Mais on ne peut pas passer deux ans à cela, car les élections pourraient avoir lieu très bientôt.»
— Avec des informations de Wolfgang Depner, Liam Casey, Kyle Duggan et Helen Moka
Anja Karadeglija, La Presse Canadienne