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Briller pour mieux faire rayonner

L'étoile rose de Sarah Champagne

durée 18h00
7 mars 2024
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes qui se tient ce vendredi 8 mars, Néomédia a voulu mettre en lumière des membres de la gent féminine qui se démarquent au quotidien. Que ce soit sur les plans personnel ou professionnel, ces femmes méritent d’être propulsées sous les projecteurs à l’aube de cette journée importante. 

Impliquée depuis maintenant 20 ans dans la Grande Vadrouille, Sarah Champagne s'est taillée, un pas à la fois, une place de choix, dans le monde la course à pied. De son propre aveu, Sarah l'admet, la course et elle ce n'est pas une histoire d'amour.

« Mon père (NDLR: Jean-Pierre Champagne, instigateur de la course, La Grande Vadrouille) a bien essayé de me faire faire de la course, mais clairement, ce n'est pas un sport pour moi. Je me suis plutôt tournée vers le patinage artistique », indique la femme de 37 ans originaire de Vaudreuil-Dorion.

Pendant 14 ans, Sarah Champagne a chaussé ses patins au détriment des souliers de course. « J'avoue que je suis très fille. J'aime le rose et les paillettes. Je crois que tu ne peux pas avoir un sport plus fille que le patinage artistique »,  lance-t-elle en riant! « Ç’a été une belle histoire d'amour jusqu'à l'âge de 24 ans. Il n'y avait aucune chance que j'en fasse une carrière internationale ou nationale et je n'avais pas envie de devenir entraîneur. J'ai donc rangé mes costumes, mes souvenirs et accroché mes patins à 24 ans », ajoute Sarah.

Mettre de la paillette sur le bitume

C'est à l'âge de 25 ans, après plus de dix ans d'implication, notamment en tant que DJ lors des courses que Sarah Champagne a demandé à son père d'être nommée directrice de courses pour La Grande Vadrouille. Habituée d'animer les événements, Sarah avait comme souhait d'apporter sa couleur, le rose, dans l'organisation.

« Je suis arrivée dans cet univers majoritairement masculin et dont la moyenne d'âge était d'environ 50 ans. La course à pied c'est un boys club et c'était encore plus flagrant quand je suis arrivée sur le conseil d'administration du Circuit Endurance. Je suis débarquée dans ce monde avec mes brillants et mes rallonges de cheveux blonds. Je me suis fait traiter de Barbie, on a ri de moi. Pendant un an, j'ai observé comment ça fonctionnait, j'ai appris les rouages. Après la première année, je me suis lancée avec mes idées. Ça n'a pas été facile. Les gens ont été durs avec moi », se remémore la jeune femme.

Parce que dans la famille Champagne, on fait toujours les choses en grand, Sarah avait une vision pour La Grande Vadrouille. « C'était important pour moi de rendre ça aussi important que le marathon de Montréal. Dès que je suis arrivée, je voulais rendre ça grandiose que l'on soit avant-gardiste qu'on ait des nouveautés chaque année, que ce soit toujours plus attrayant, plus grandiose. On se rendait compte que de plus en plus de femmes participaient à nos courses. On a donc créé des courses exclusivement féminines. On voulait aussi rendre nos événements plus familiaux. C'est certain que La Grande Vadrouille n'est pas le marathon de Montréal, mais pour moi, dans ma tête c'est aussi grand et je veux que les participants aient cette impression-là aussi ».

Aussi grandiose soit-elle, la vision de Sarah Champagne n'a pas toujours été accueillie avec des lunettes roses.

« Quand j'ai voulu mettre des souliers colorés pour animer on m'a dit que la course à pied était quelque chose de très sérieux, que ce n'est pas un spectacle de danse. Une année, j'ai organisé une course de 1 km avec la thématique des princesses et des superhéros. L'idée m'était venue d'une amie qui avait participé à une course du genre à Disney. Elle avait reçu une couronne et je trouvais le concept vraiment amusant et original. Si vous saviez comment j'ai été critiquée et le nombre de courriels déplaisants que j'ai reçus, la plupart par des femmes. On me disait que c'était très reculé dans le temps comme concept. Que c'était réducteur, stéréotypé de mettre les filles avec les filles, les gars avec les gars, les filles en princesses, les gars en superhéros. Il y en a une qui m’a dit que c'était dû à mon jeune âge et mon manque d'expérience d'avoir eu cette idée-là », déplore-t-elle.

« Honnêtement, bien souvent, j'ai voulu tout lâcher ça, l'organisation de courses. Je me demandais si c'était vraiment nécessaire de m'investir autant si c'est pour me faire démolir. Je me disais que ça ne serait à rien, que de toute façon, on ne m'aime pas. J'ai vécu plusieurs batailles avec soi-même et beaucoup de remises en question. Avec les années, j'ai appris beaucoup sur moi. Je n'ai pas eu le choix de m'affirmer », ajoute Sarah.

Un grand pas « de course » pour les femmes

En 2022, Sarah Champagne a été la première femme à animer le Marathon de Montréal. L'événement qui soulignait alors son 30e anniversaire avait pour la première fois, une femme à l'animation. 

« L'histoire c'est que l'organisation demandait depuis longtemps, à mon père, d'animer l'événement. Un jour, il m'a annoncé qu'il avait donné nos deux noms et qu'on allait le faire à deux. Moi je me disais que je n'étais pas rendue là. Je suis une animatrice de petites courses. C'est trop gros pour moi. Après avoir réfléchi, j'ai dit à Jean-Pierre que je ne voulais pas qu'il impose ma présence aux organisateurs. Je voulais qu'ils veuillent que je sois là, qu'ils viennent me voir travailler. Je voulais qu'ils veuillent Sarah, pas la fille à Jean-Pierre. Je ne voulais pas qu'ils soient obligés de me prendre parce que nous sommes un duo ».

Visiblement, cela a porté fruit puisque depuis maintenant deux ans, l'ex-patineuse artistique qui, comme elle le dit si bien, n'a jamais vraiment aimé la course anime l'une de plus importante course de la province.

« Ma mère va être tellement contente que j'en parle. Moi j'ai toujours été mal à l'aise d'en parler. Je ne veux pas avoir l'air de me vanter », lance-t-elle en riant. 

Voir le rose dans la noirceur

Pour Sarah Champagne, la vie se doit d'être vécue avec des lunettes roses et s'il peut y avoir de la paillette, c'est encore mieux! 

« On dit souvent que la vie est grise, mais moi j'ai envie de la voir en rose. J'ai toujours voulu avoir les lunettes les plus roses. Dans la vie on peut faire plein de choses, mais j'essaie le plus possible d'être dans les actions positives. J'ai eu des périodes difficiles dans ma vie, mais je n'aime pas être dans le négatif. J'essaie toujours de retourner les choses en positif. Ce n'est pas facile tous les jours, mais j'essaie d'y mettre du rose le plus possible, de vivre en faisant les meilleures actions possible et d'être la meilleure personne possible. Quand je me couche le soir je dois être capable de me dire que j'ai fait des bonnes actions dans ma journée ».

C'est en faisant le deuil de la maternité que Sarah a donné vie au programme de bourses Les étoile LGV. « J'ai mis en place le programme les Étoiles LGV (La grande Vadrouille) en six mois. À ce moment-là, j'avais besoin de créer quelque chose qui allait fonctionner, parce que je n'arrivais pas à faire la chose primordiale pour être une femme, c'est-à-dire, avoir un enfant ».

Les étoiles LGV s'adressent principalement aux athlètes du Club d'athlétisme de Vaudreuil-Dorion et visent à valoriser tous les aspects des athlètes, dont la performance, mais également le comportement, l'implication, la personnalité et la persévérance.

« Les jeunes sont contents. C'est une motivation supplémentaire pour eux. J'essaie d'être, le plus possible, proche d'eux. Je ne veux pas remettre des bourses juste pour remettre des bourses. Chaque fin d'année, je vais les voir à leurs entraînements, je discute avec eux, j'apprends à les connaître. C'est important pour moi ce contact-là. Et n'ayant pas d'enfant, j'ai le temps de le faire, alors aussi bien en profiter. Le programme est peut-être parti de quelque chose de plate, mais je suis contente parce qu'il y a du positif qui est sorti de mon deuil de la maternité ».

S'impliquer socialement malgré un horaire chargé 

Outre les bourses, Sarah Champagne, arrive, à travers ses différentes courses à redonner a une cause qui lui tient à coeur, celle du centre d'hébergement La Passerelle qui vient en aide aux femmes victimes de violence conjugale.

« Quand je dis que j'ai voulu apporter ma couleur à La Grande Vadrouille, c'est aussi ça. C'était important pour moi de pouvoir soutenir à travers nos événements, une cause, et j'ai choisi celle de La Passerelle ».

Ayant elle-même été victime de violence psychologique de la part d'un conjoint, Sarah Champagne se devait d'offrir de sa lumière aux femmes ayant perdu un peu de la leur. 

« Quand tu as été dans une relation où il y avait de la violence, c'est difficile. La violence physique c'est une chose. Majoritairement, on se remet des blessures physiques. Mais tu vas vivre tous les jours de ta sainte vie avec ce que tu as entendu. Je le sais parce que je vis avec ces démons-là. Encore aujourd'hui, il y a des jours où les mots qu'il m'a dits me reviennent en tête.  Dans mes mauvaises journées, je peux encore l'entendre me dire ces mots qui m'ont tant fait mal ».

Être qui l'on veut, comme on veut

Sarah Champagne n'a pas peur de l'avouer, elle croit en Barbie. Comme l'a mis en scène la réalisatrice Greta Gerwig dans son dernier film, la poupée commercialisée par Mattel en 1959 se veut un symbole d'ambitions féminines, un coup de pied au derrière au patriarcat.

« Oui, je crois en Barbie. Oui je crois en Barbie. Je veux changer le monde à ma façon et je pense que tout le monde peut le faire. Peu importe la controverse autour de Barbie, on oublie le message le plus important pour nous les femmes et surtout pour les jeunes femmes. Barbie peut faire ce qu'elle veut, devenir ce qu'elle veut et être ce qu'elle veut. C'est le message que je dis très souvent à mes nièces. Je veux que les femmes, et c'est mon plus grand souhait, puissent être ce qu'elles veulent. Que leurs rêves deviennent réalité, qu'elles croient en elles. En tant que femme, on se met tellement de barrières, on se tape sur la tête bien trop souvent pour aucune raison ».

Est-ce que pour l'animatrice de courses, la journée du 8 mars à toujours sa pertinence? « Certainement. On a fait de belles avancées au niveau de l'égalité hommes-femmes, mais on est loin encore. Je le vois dans les événements que j'anime. La façon dont les hommes et les femmes vont s'adresser à moi, elle est très différente de la façon dont ils vont s'adresser à Jean-Pierre. On s'améliore, mais il y a encore un travail à faire. Cette journée-là, va toujours avoir sa place ». 

Briller pour mieux faire rayonner

« Nous sommes chacune responsable de notre étoile et nous n'avons pas le droit de laisser qui que ce soit mettre un nuage devant. Elle doit briller, on doit en prendre soin, la garder belle, parce qu'on mérite tous que notre étoile brille. Comme je le dis toujours à nos athlètes: Have fun and shine », conclut Sarah Champagne.

À lire également:

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