Projet de loi no 157
« C'est déjà là, ça ne sert à rien de faire semblant que ça n'existe pas.» - Lucie Charlebois
De passage dans les studios de CSUR la télé, la ministre déléguée à la Réadaption, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois, a profité de l'occasion pour expliquer aux Vaudreuil-Soulangeois les grandes lignes du projet de loi no 157 portant sur le cannabis.
Jeudi dernier, la ministre a déposé au Parlement, le projet de loi 157, Loi constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de sécurité routière.
« C'est déjà là, ça ne sert à rien de faire semblant que ça n'existe pas. C'est déjà là dans la société sauf qu'on ne sait pas qui le vend, comment ils le vendent, qu'est-ce qu'ils vendent comme qualité de produit et ils ne se soucient pas de l'état de santé des consommateurs. Nous, dans l'encadrement, ce qu'on va faire c'est justement, miser sur la santé et la sécurité des gens », explique la ministre.
Lors des consultations publiques tenues en juin dernier, plusieurs experts de partout à travers le monde, en plus de plusieurs centaines de citoyens et intervenants concernés se sont prononcés sur les enjeux de la légalisation de la marijuana. « Nous avons reçu un message clair des québécois. Ils n'ont rien contre la légalisation du cannabis, tant et aussi longtemps que la vente est bien encadrée. Le Québec veut une société d'état distincte. D'où la création de la Société québécoise du cannabis (SQC) », explique la ministre.
Quinze points de vente
Filiale de la Société des alcools du Québec (SAQ), la SCQ aura pour mission de vendre du cannabis dans une perspective de protection de la santé, toujours dans le but d'amener les consommateurs vers le marché légal et de les éloigner du marché noir.
« Toujours lors des consultations, le message qui est ressorti c'est que la population veut une société d'état sans profit. Donc, l'argent qui sera fait dans les premières années servira à rembourser les fonds empruntés pour la mise en place du projet. Une fois la dette payée, nous investirons l'argent en prévention. Les montants viendront s'ajouter au 25 M$ déjà en place pour la formation et la prévention ».
Pour l'instant, Lucie Charlebois n'est pas en mesure de dire quels seront les prix fixés par la SQC.« Évidement, le but est d'amener les gens vers le marché légal, il nous faudra donc être compétitif avec le marché noir ». Les consommateurs pourront également acheter en ligne, mais sous d'importantes conditions.
Et au volant?
« En ce moment, nous comptons 80 agents évaluateurs sur le terrain, et d'autres s'ajouteront ». Bien que la ministre compte instaurer la règle de tolérance zéro en ce qui concerne la conduite avec les facultés affaiblies par l'usage du cannabis, cette nouvelle réglementation ne sera pas en vigueur tout de suite. « Tant que le Canada n'aura la technologie qui permettra de détecter par la salive, la consommation de cannabis et d'indiquer à quand remonte la dernière consommation, nous allons appliquer la même réglementation que pour l'alcool au volant »,
Prévention et formation, les deux mots d'ordre du projet de loi
Alors que plusieurs personnes confirment consommer de la marijuana à des fins thérapeutiques, beaucoup de ces mêmes consommateurs avouent ne pas posséder de prescription. Selon les dernières statistiques, 31% des adolescents (15-17 ans) et 41,7% des jeunes adultes (18-24 ans) consomment régulièrement du cannabis.
« Il ne faut pas faire une campagne de peur auprès des jeunes. Il faut les former, faire de la prévention et c'est ce que nous comptons faire. De la fin du primaire, à la fin du secondaire et même auprès des parents », ajoute Lucie Charlebois.
Pas de cannabis dans nos salons
Si l'administration Trudeau accepte que la population puisse cultiver jusqu'à 4 plants par foyers, la députée de Soulanges n'entrevoit pas les choses de la même façon.
Le projet de loi no 157 prévoit interdir à tous de cultiver du cannabis à des fins personnelles dans une maison. Seuls les producteurs reconnus par le gouvernement pourront produire du cannabis.
« Plusieurs propriétaires d'immeubles à logements nous ont fait part de leurs inquiétudes. Ils s'inquiètent des dommages sur leurs habitations, mais également des effets de la fumée secondaire. Essentiellement, la loi va restreindre la consommation de cannabis dans les mêmes lieux où il est présentement interdit de fumer la cigarette. La même réglementation s'appliquera ».
« Je ne prétend pas que notre projet de loi sera parfait dès le début. C'est une grande première pour le Canada, mais également pour le Québec. On nous a demandé d'être rigoureux et c'est ce que nous allons faire. Dans trois ans, nous allons réévaluer la situation en fonction de ce qui aura bien fonctionné et ce qui aura moins bien marché et nous allons nous réajuster », conclut la ministre.
Le dossier de la légalisation de la marijuana continue d'apporter de nombreux questionnements notamment de la part des organismes qui oeuvrent auprès des jeunes. La loi qui devrait entrer en vigueur en juillet 2018 semble en inquiéter plusieurs. Un dossier à suivre dans les mois qui viennent assurément.
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