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Chronique d'opinion

Sèche tes pleurs

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28 octobre 2015
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Frédéric Savard
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Par Frédéric Savard, Éditorialiste

Vendredi dernier, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, tenait un point de presse en réaction aux allégations de femmes autochtones concernant des abus de pouvoir,  des voies de fait et des agressions sexuelles qui auraient été commis par certains policiers de Val-d’Or. Cette rencontre avec les médias faisait suite à la présentation du reportage diffusé à l’émission Enquête la veille. 

En larmes, la ministre se disait complètement bouleversée par les témoignages des femmes autochtones entendus lors de l’émission et par les détails que le reportage permettait d’apprendre. Bouleversant, troublant, choquant, c’est le moins qu’on puisse dire et ressentir en regardant l’émission. Mais les larmes de la ministre mettent franchement mal à l’aise. Démontrer de l’humanisme et de l’empathie devant les médias, même si on occupe une fonction de pouvoir est certes peu commun, mais pour moi, ce n’est pas inacceptable et n’est pas une démonstration de faiblesse. Cependant, ce qui sonne extrêmement faux, vous savez comme de longs ongles qui frottent sur un tableau, c’est que la ministre est au courant de la situation globale depuis cinq mois. Des larmes qui prennent soudainement des airs de show de boucane pour créer une diversion sur l’immobilisme du gouvernement dans ce dossier.

Cinq mois et elle attend à la suite de la diffusion de l’émission avant d’envoyer la sous-ministre aux affaires policières sur les lieux et pour retirer administrativement de leurs fonctions les huit policiers suspects? Elle mentionne qu’elle devait attendre que des enquêtes internes se mènent. Mais par hasard les actions concrètes se posent le lendemain de la diffusion du reportage au grand public. Quoi, il y a deux ou trois semaines, après plus de quatre mois d’investigations internes, la ministre et son équipe n’avaient pas les mêmes informations ou la majorité de ces informations? Ce n’était pas déjà suffisamment majeur comme dossier pour intervenir et pour se rendre sur place? C’est fortement invraisemblable.  

Et si ce reportage n’avait été diffusé que l’année prochaine. Les suspensions, les visites sur les lieux, les actions concrètes, on aurait attendu à l’an prochain pour les poser? Toutes des questions auxquelles la ministre répondrait non en se défendant bec et ongles. Mais ce que le public perçoit dans cette attitude, c’est que si les médias n’avaient pas mis leur nez dans cette histoire pour dévoiler au grand jour cette situation visiblement dégoûtante, soit on aurait tenté de la balayer sous le tapis ou le temps qui se serait écoulé avant qu’on pose des actions aurait été significativement plus long. 

Mardi, le directeur général de la Sûreté du Québec, Martin Prud’homme, affirmait que Val-d’Or n’était pas en crise malgré la suspension  de huit policiers, mais qu’il s’agissait plutôt d’une période de questionnement. Excusez-moi là, mais si ne serait-ce que la moitié des témoignages des femmes autochtones qui se sont exprimées à la télé la semaine dernière sont prouvés, c’est bien plus qu’une crise. C’est une perversion d’un métier qui est voué à la protection du public et auquel la majorité des professionnels qui le pratique se dévouent corps et âme et affichent une intégrité implacable. 

Agressions sexuelles présumées, abus de pouvoir, voies de fait sont des accusations qui donneraient un magistral œil au beurre noir à n’importe quelle profession, mais spécialement au métier de policier dont les représentants incarnent la loi, l’ordre et la protection indéfectible des gens les plus vulnérables. 

Non franchement Mme Thériault, serrez votre mouchoir dans vos poches et agissez. N’attendez pas qu’une histoire soit dévoilée par les médias avant de faire quelque chose. Les médias sont certes le chien de garde de la démocratie, mais en tant que ministre de la Sécurité publique, vous devez prendre les rênes de votre fonction et assumer le rôle du chien de garde de la population que vous représentez. De grâce Mme Thériault, lâchez votre mouchoir et n’attendez pas obligatoirement l’enquête publique avant de prendre le taureau par les cornes. 

 

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