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Entrevues avec trois déneigeurs qui offrent leurs services à Coteau-du-Lac

Être déneigeur: pas facile en 2023 avec l'inflation et la hausse du coût de la vie

durée 18h00
13 octobre 2023
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

À l’approche de la saison froide, il est possible que plusieurs clients qui font affaire avec des entreprises de déneigement restent surpris lors de la réception de leur facture. L’inflation et l’augmentation du coût de la vie se font grandement sentir au sein de cette industrie. Entrevue avec Claude Geneau et Karine Liboiron, propriétaires des Entreprises CG et Yves Delforge de l’entreprise du même nom qui se partagent le territoire de Coteau-du-Lac avec une troisième entreprise.

Ensemble, leurs deux entreprises compétitrices se partagent 1500 portes et 150 commerces dans Coteau-du-Lac. S’il y a quelques années, ils se considéraient comme des compétiteurs, aujourd’hui, Karine, Claude et Yves se côtoient occasionnellement et se respectent mutuellement. 

« Cette année, nous avons été contraints d’augmenter nos clients en moyenne de 9 % par rapport à l’année dernière. Certains ont toutefois reçu une facture bien plus élevée qui atteint parfois 115% d’augmentation. Nous n’avons pas eu le choix. Nous n’avions jamais analysé chaque entrée que l’on déneige une par une. On a fait cet exercice dans les derniers mois et c’est ce qui explique les augmentations », explique le couple d’entrepreneurs Claude et Karine qui offrent la tonte de pelouse pendant la saison chaude et le déneigement en hiver.

La hausse du coût du diesel et des véhicules de déneigement force aussi les Entreprises CG à augmenter ses coûts si elles veulent passer à travers les fins de mois. « Je suis très transparente. L’an passé, en raison de la hausse du prix du diesel, on a dû emprunter 30 000$ pour terminer la saison et acquitter toutes nos factures », confie Karine.  « Ça, c’est sans parler des assureurs qui sont de plus en plus frileux à nous assurer. On est chanceux parce qu’on l’est, mais on ne peut pas réclamer pour n’importe quoi sinon notre prime va bondir déraisonnablement. Alors, si j’ai des bris ou autres, je dois vraiment me questionner à savoir si ça vaut la peine de réclamer aux assurances ou non », poursuit son conjoint Claude.

Pour rentabiliser sa flotte de tracteurs, Les Entreprises CG la loue à des agriculteurs pendant la saison estivale.

De son côté, Yves Delforge qui offre des services de déneigement sur le territoire de Coteau-du-Lac dresse le même constat. « Ma franchise d’assurances est passée récemment à 2500$. C’est un pensez-y-bien au moment de réclamer. Les assureurs ne veulent plus assurer une entreprise de déneigement en raison du trop grand nombre de réclamations possibles. Je ne sais pas comment quelqu’un qui démarre son entreprise aujourd’hui peut survivre dans ce domaine. »

À cela s’ajoutent les autres frais : salaires, loyer, essence et bris d’équipements qui surviennent souvent pendant la saison froide. « Les gens n’y pensent pas toujours et laisse traîner des objets dans leur cour…une échelle, un vélo, un balai, une extension et ça se coincent dans notre machinerie et la brise. En plus d’être coûteuses, les réparations nous ralentissent beaucoup dans l'efficacité de notre travail», image Karine.

Depuis ses débuts dans l’industrie du déneigement, vers 2004-2005, Yves Delforge mentionne que les choses ont bien changé.  

À titre d’exemple, il y a quelques années, lors de l’achat d’un tracteur, certains accessoires comme des couteaux étaient inclus lors de la transaction. Ce n’est plus le cas cette année.

Il y a vingt ans, un tracteur John Deere valait entre 60 000$ et 70 000$. Il y a cinq ans, le même tracteur pouvait être acquis au coût de 140 000$. Actuellement, le même engin doit être acheté en 2023 au prix de 315 000$.     

« On n’a pas le choix d’avoir de la machinerie plus efficace et performante si on veut faire plus d’entrées par heure. C’est un gros investissement surtout quand on sait que le calcium, présent dans les abrasifs mis sur les routes pendant l’hiver, abîme beaucoup les équipements », indique-t-il.

À titre comparatif, quand Karine et son conjoint Claude se sont lancés dans l'industrie du déneigement en 2007 , ils ont payé leur premier tracteur au prix de 50 000$ avec quelques accessoires inclus.  Le même tracteur en vaut le double actuellement, sans les accessoires.  « Pour trois tracteurs, on doit débourser 170 000$ chaque, en plus des accessoires comme la souffleuse qui coûte entre 10 000$ et 20 000$», précise le couple. 

Des clients de plus en plus exigeants

Les attentes et exigences de la clientèle sont aussi différentes. « Il y a vingt ans, les déneigeurs débutaient de nettoyer les entrées après le déjeuner et les gens étaient contents. Aujourd’hui, il faudrait déneiger les entrées avant qu’il neige ou presque. On a des appels à 3h du matin pour savoir quand on va passer. On essaie toujours de passer rapidement pour enlever le bordage de la charrue et on repasse à quelques reprises jusqu’au nettoyage final tout dépendant des précipitations attendues. C’est un luxe et un privilège de nos jours de se payer un déneigeur alors les gens s’attendent à un service cinq étoiles. Nous aimons comparer avec un restaurant, c’est un luxe de manger au restaurant et maintenant, certains ne sont plus ouverts 24/7 car il manque de main d’œuvre. Nous, nous travaillons toute les nuits enneigées et ce, sans surplus pour les fériés », ajoutent Karine et Claude. 

L’an passé, les deux entreprises ont effectué 30 et 40 sorties pour déneiger les entrées de leurs clients. 

Parfois, certains clients poussent même l’audace jusqu’à manquer de respect à la personne au bout du fil comme le raconte Karine. « On se fait sacrer après ou traiter de tous les noms. Je ne sais pas pourquoi, mais les déneigeurs n’ont pas une bonne réputation. Pourtant, on est des entrepreneurs respectables qui paient bien ses employés et fournisseurs. Les gens oublient vite que la personne au bout du téléphone est humaine. Des fois, quand on m’appelle pour me demander quand on va passer et ça fait douze heures que je suis sur le tracteur. C’est difficile. »

Moins de secteurs au fil des ans

Depuis qu’ils sont en affaires, Karine, Claude et Yves ont développé une connaissance accrue du territoire de Coteau-du-Lac et des environs. Au fil de leur expérience, ils ne desservent plus certains secteurs.

« Le chemin Saint-Emmanuel, après la voie ferrée en allant vers Saint-Clet, on ne veut plus le faire. Nous sommes en décision pour desservir une partie de la route 201parce que dans les rangs, les vents sont trop intenses. Ils soufflent trop fort. On passerait notre journée à ramasser la neige qui s’accumule là.  L’an passé, le 25 décembre, il y avait une tempête de neige et les bancs de neige étaient plus hauts que les maisons dans ce coin-là. Il faut faire des choix. À Saint-Zotique, 600 clients ne sont plus desservis, mais on ne peut même pas les aider. Ce ne serait pas rentable pour nous de les desservir », affirme Yves. 

Le trio estime qu’il faut avoir les reins solides pour se lancer dans le déneigement et perdurer. « On essaie toujours de faire de notre mieux et de bien traiter nos employés. C’est important aussi, car c’est grâce à eux qu’on passe à travers une saison hivernale. Pour nous, ce n’est pas une compétition. On ne veut pas être plus rapide que le compétiteur, mais de bien faire notre travail et que le client soit satisfait », terminent Karine et Claude.

« Moi aussi, je veux que le client soit heureux avec son déneigeur, c’est ma priorité », conclut Yves.

 

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